samedi 28 janvier 2017

Le nucléaire, c'est bon pour ce que vous (n')avez (pas encore) !

60 ans d'accidents nucléaires, et aujourd'hui, et demain ?
 
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Voilà un article qui était resté à l'état de brouillon dans mes cartons, sur la base d'une publication par Arte Future de juillet 2016. C'est un récapitulatif des principaux accidents nucléaires dans le monde pour ces 60 dernières années. Certaines planches sont illustrées d'un lien cliquable ou d'une vidéo.

 
Il est question ici d'accidents majeurs, donc de phénomènes hors contôle humain. Mais qu'en est-il des relâchements massifs de radioactivité dans l'environnement, sciemment voulus et déclenchés par la main de l'homme ? Autrement dit, les essais d'armes atomiques, aériens ou souterrains ?

Voici résumée en 7 minutes une chronologie des 2053 explosions nucléaires ayant eu lieu dans le monde entre 1945 et 1998. Vous avez bien lu : 2053 ! Depuis, 5 tirs supplémentaires ont été effectués, 2 par l'Inde, 1 par le Pakistan, et 3 par la Corée du Nord.




Mais n'oublions pas, nous avons vu dans l'article précédent sur la rejustification des critères de risques de la loi Euratom que même un fonctionnement quotidien et "normal" de l'industrie nucléaire civile (et militaire) engendre des risques sanitaires pour la population, qui s'ils étaient évalués à leur juste niveau engendreraient de tels coûts et une telle perte de compétitivité que cela signifierait à coup sûr la mort de cette industrie ! Tout cela est basé sur des études scientifiques solides, voir ou revoir par exemple l'article sur les cas de leucémie infantile autour des centrales nucléaires.

Et les risques d'accident nucléaire majeur, en France et en Europe, qu'en est-il ?

Hé bien il n'est pas simple du tout de s'en faire une idée juste, pour plusieurs raisons. Pour commencer, tout cela repose sur des chiffres, et n'étant ni scientifique et encore moins matheux, je ne suis pas là en terrain de confiance. Ensuite tout ce que je peux dire, c'est qu'une fois de plus, j'ai l'impression de patauger dans des données absconses, des considérations à géométrie variable et des affirmations à la "mords-moi le neutron", bref de quoi probablement rebuter ou égarer bien des personnes "non averties". De plus et comme dans n'importe quel domaine, on s'aperçoit que des spécialistes à priori dignes de confiance mais bêtement humains peuvent faire des erreurs...

Ainsi en 2011 après la catastrophe de Fukushima, Bernard Laponche, physicien nucléaire, et Benjamin Dessus, ingénieur et économiste, publient leurs calculs sur la probabilité que survienne un accident nucléaire grave chez nous ou en Europe. Leurs résulats sont effrayants : 50 % de risques pour la France, plus de 100 % pour l'Europe qu'une catastrophe majeure se produise pendant la durée de vie du parc nucléaire actuel ! Bon, même si je n'entends rien à la science des statistiques, plus de 100 % de risques, c'est un peu bizarre... Comment quelque chose peut-il se produire plus souvent qu'à tous les coups ? Par la suite, Etienne Ghys, Directeur de recherche au CNRS, a fait remarquer qu'une erreur dans la méthode de calcul faussait ces résulats, et qu'il fallait plutôt considérer une probabilité de 72 % de risque d'accident grave en Europe, d'où je déduis 49 % pour la France, dans les 30 ans à venir.

Vous imaginez cela ? une "chance" sur deux que ça pète en France, dans les 30 ans qui viennent ?

Mais ce ne sont que des chiffres, qui selon comment on les accommode, les ficèle, les associe ou les dissimule, diront bien à peu près ce qu'on voudra ! Et qui pourra juger de l'existence et de l'opportunité de tous les paramètres possibles ? Qui va pouvoir évaluer l'impact exact de l'amélioration des techniques de sécurité, de la dégradation physique du matériel et psychologique des hommes, de l'humeur de la Terre et des phénomènes naturels qu'elle occasionne ?

Si vous cherchez un peu, vous trouverez de brillantes démonstrations disant que l'énergie nucléaire est celle qui tue le moins, et que Tchernobyl, c'est 4000 morts, soit environ le nombre de tués sur la route chaque année dans notre pays. Pour autant, quelq'un a-t-il déjà demandé la sortie de l'automobile ? Non ? Alors faut-il être stupide pour demander l'arrêt du nucléaire !
Ca me rappelle Erdogan, alors Premier ministre en Turquie, lors d'une interview télé après le tremblement de terre ayant frappé son pays en 2011 : "Lors des séismes, il est courant que des ponts s'effondrent, va-t-on donc renoncer à construire des ponts ? Non, alors pourquoi renoncerions-nous à nos projets de bâtir une centrale nucléaire ?" Ainsi va le monde ...

Je crois qu'il y a surtout une chose qu'il ne faut pas oublier : aucun accident nucléaire, qu'il soit bénin ou catastrophique (à part les rarissimes sabotages), n'est jamais survenu délibérément, par volonté expresse de l'homme. Lequel a toujours jugé, au niveau des décisionnaires, que rien de fâcheux ne pourrait jamais arriver, car tout avait été fait et pensé pour cela.

Voilà pourtant des décennies que l'on sait que c'est faux, et que ça le sera toujours, envers et contre toute belle déclaration officielle ...

Certes,
en mai 2011 lors d'une audition parlementaire, Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, annonçait "Il faut accepter de se préparer à des situations complètement inimaginables parce que ce qui nous menace le plus, ce n'est pas un accident standard" Mais encore une fois, comment envisager l'inimaginable, ne serait-ce qu'en termes de coût et de rentabilité ??

Pierre-Franck Chevet, Président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française, annonce clairement quant à lui "un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part" et considère que la sûreté nucléaire dans notre pays présente un contexte "particulièrement préoccupant".
Voilà, on le sait, ils l'ont dit. Qu'est-ce que ça change, dans la fuite en avant des décideurs chez EDF, Areva, CEA, etc, et des politiques qui leurs sont inféodés ? Rien. D'ici quelques mois, nous pourrons influer sur cette course vers l'abîme par nos bulletins de vote, et peut-être ainsi récupérer plus de pouvoir que nous n'en avons jamais eu.

 
N'oubliez jamais, et faites-le savoir.

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Sources :


Arte Future - Timeline : 60 ans d'accidents nucléaires
Accident nucléaire : une certitude statistique - article de Libération
Accident nucléaire : une certitude statistique - commentaire par Étienne Ghys
Le risque d'accident nucléaire majeur : calcul et perception des probabilités
Modélisation des accidents nucléaires civils : Prévision à l'horizon 2030

Nucléaire: la France doit se préparer à des accidents «inimaginables» 
Trente ans après Tchernobyl, «un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part»
Sûreté nucléaire : un contexte «particulièrement préoccupant», selon l'ASN 
Évaluation de risques d'accidents nucléaires comparés à ceux d'autres filières énergétiques


mardi 17 janvier 2017

La "clause-suicide" de rejustification Euratom, la fin du nucléaire en Europe


(23'15'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (155 Mo)
(Nota : faites défiler les pages jusqu'en bas pour les liens de téléchargement)

Télécharger la transcription de la vidéo en français / en anglais

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Des études scientifiques et éléments de preuves récents montrent que les effets sanitaires des faibles doses de rayonnements ionisants sont nettement sous-évalués par les législations actuelles, qui les fixent à un niveau 150 fois trop faible ! Cela signifie que si l'agglomération parisienne était soumise à l'exposition maximum légalement tolérée de 1 millisievert pendant un an, le nombre de morts supplémentaires par cancers s’élèverait à 630 personnes, soit bien plus que les victimes des attentats dans la capitale !

En clair, cela implique que l'industrie nucléaire doit réduire considérablement ses niveaux de rejets dans l'environnement pour certains radionucléides (uranium, tritium, carbone 14, strontium, plutonium) pour s'adapter dans la réalité au niveau de risque légal qu'elle prétend respecter, et que cela sera si coûteux et qu'elle deviendra alors si peu concurrentielle que cela signe à coup sûr son arrêt de mort !


Comment cela est-il possible ?

Le professeur Christopher Busby nous explique dans cette vidéo du 15 décembre 2016 que toutes les législations de radioprotection actuelles, y compris les lois européennes Euratom dont nous dépendons, découlent des préconisations de la Comission Internationale de Protection Radiologique, elles-mêmes issues d'études chapeautées après guerre par les États-Unis sur les survivants japonais des bombes atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Hors il est maintenant avéré que ces études ont été honteusement manipulées en 1973 pour minimiser le nombre de victimes par cancer dus aux radiations.


Que pouvons-nous faire pour changer cela ?

La loi européenne Euratom contient une "clause suicide", stipulant que les dommages sanitaires entraînés par une exposition aux rayonnements ionisants doivent être justifiés en rapport des bénéfices procurés par la pratique les ayant générés, et que cette justification peut être révisée suite à l'acquisition de toute nouvelle connaissance sur leur efficacité ou conséquences.


Tout citoyen de chaque État membre européen, possédant ou non des installations nucléaires en propre, peut donc demander une re-justification de ces critères "d'acceptabilité" du nucléaire civil et militaire en adressant une requête au contact désigné par Euratom pour son pays.

Le professeur Busby engage donc chaque citoyen européen qui le souhaite à compléter une lettre-modèle avec ses propres coordonnées et à la faire parvenir par courrier électronique ou par voie postale en recommandé au responsable désigné par Euratom pour son pays. Pour la France, il s'agit de :

Pierre-Franck CHEVET,
Autorité de sureté nucléaire,
15, rue Louis Lejeune
CS 70013
92541 Montrouge cedex 





Voici les contacts pour les autres pays européens francophones :

BELGIQUE :
Jan BENS
Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire
Rue Ravenstein 36
1000 Bruxelles
Belgique



LUXEMBOURG :
Patrick MAJERUS
Ministère de la Santé
Division de la Radioprotection
Villa Louvigny
Allée Marconi,
L-2120 Luxembourg
Luxembourg



SUISSE :
Sébastien BAECHLER
Office fédéral de la santé publique OFSP
Unité de direction Protection des consommateurs
Division Radioprotection
Schwarzenburgstrasse 165
CH - 3003 Berne




Télécharger le modèle de lettre au format Word  en français  /  en anglais

Voici un aperçu de la lettre-modèle traduite en français :




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Pour en savoir plus sur EURATOM, vous pouvez consulter cet article sur le site "Toute l'Europe" : Qu'est-ce qu' Euratom ?

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Sources, liens et remerciements :

Sites web originaux soutenant la campagne de rejustification :
http://www.greenaudit.org/re-justification-euratom-treaty-homepage/
Euratom Campaign, template for all European countries (en)

Directive 96/29/Euratom du Conseil du 13 mai 1996

Liste de contacts où envoyer la requête, membres des Autorités de radioprotection européennes (en)

Hiroshima survivors exposed to very low doses of A-bomb primary radiation showed a high risk for cancers (en)

Publications scientifiques Tomoyuki Watanabe (en)

Publication du Dr Busby dans "Genetics' du 1er décembre 2016 (en)

Genetic radiation risks: a neglected topic in the low dose debate (en)

Aspects of DNA Damage from Internal Radionuclides (en)

Uranium Epidemiology (en)

La G@zette Nucléaire sur le Net! - Débat sur les faibles doses

Effets sanitaires de l'exposition aux faibles doses de radiations ionisantes : position de l'IRSN sur le rapport du CERI et recommandations 

Autorité de sûreté nucléaire (ASN), rubrique "contact"

Merci à Chris Busby pour sa relecture et correction de ma transcription de la vidéo,
et à Odile Girard pour sa traduction française de la lettre-modèle et une partie des liens ci-dessus :)



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Fukushima - Que savaient-ils et quand ? - A. Gundersen 11.03.13 from Kna60 on Vimeo.