vendredi 22 mars 2013

Naoto Matsumura, seul dans la zone interdite de Fukushima pour sauver les animaux


Naoto Matsumura, fermier de 53 ans, est né et à grandi à Tomioka, petite ville dans la zone désormais interdite, à moins de 20 km de la centrale nucléaire de Fukushima en ruines. Ne voulant pas évacuer au début de la catastrophe  comme tous ses concitoyens, il décide pourtant le 15 Mars 2011, après l'explosion du réacteur n°4, de quitter avec les siens la ferme exploitée par sa famille depuis 5 générations.
Son père leur suggère de se réfugier chez sa soeur dans le Sud, mais de peur d'être contaminée par les radiations, celle-ci ne leur ouvrira pas sa porte. Impossible également de trouver de la place dans les centres d'hébergement pour les réfugiés de la catastrophe, déjà surchargés.

Naoto Matsumura décide alors de laisser sa famille à Iwaki et de retourner chez lui pour nourrir ses animaux.

Le dernier habitant de Fukushima (2'51", Fr)
Zones d'évacuation Avril 2011


Le dernier habitant du no man's land (2'58", Fr)



















Il verra alors affluer dans sa cour des chats faméliques, auxquels pris de pitié il jettera des croquettes. Puis devant les concerts d'aboiements et de hurlements que sa camionnette déclenche sur son passage, il découvrira rapidement, d'abord chez ses voisins puis dans tous les environs, que partout des animaux ont été abandonnés, souvent enfermés ou attachés et incapables de se nourrir, leurs propriétaires pensant pouvoir rentrer chez eux assez rapidement.

Il décide alors de rester définitivement dans la zone évacuée et interdite, pour sauver et s'occuper d'autant d'animaux qu'il le pourra, et leur éviter de mourir de faim ou d'être abattus selon les consignes  du gouvernement local.

Sans électricité, sans eau courante ni sanitaires, se
nourrissant les premiers temps de viande, poissons et végétaux contaminés et d'un filet d'eau capté dans la montagne au dessus de sa maison, se chauffant avec un poêle à charbon, Mr. Matsumura craint les effets de la radioactivité, qu'il sait très bien se trouver partout dans son environnement. Jusqu'à 2 µSieverts dans sa maison, et plus de 7 µS à l'extérieur ... Il pense alors en avoir pour 5 à 10 ans, avant de déclarer un cancer ou une leucémie.


(18'02", Jp st Fr) - Télécharger la vidéo (123 Mo)

Mais Naoto Matsumura n'abandonne pas. Se disant plein de rage à l'encontre de TEPCO, qu'il juge pleinement responsable de ce désastre nucléaire qu'il se refuse à oublier, il est bien décidé à ne pas laisser les autorités supprimer les preuves de l'impact de la contamination radioactive, en faisant disparaître les animaux possiblement affectés et leur descendance.
Il construit des enclos, pose des clôtures, et chaque jour s'occupe de 400 vaches, 60 cochons, plus d'une centaine de chats et des dizaines de chiens, et nombres d'autres animaux.

Télécharger la transcription en français

Dans le shinto, explique Mr. Matsumura, humains et animaux sont égaux, aucune espèce n'est supérieure à une autre. Toutes les choses, tous les êtres sont égaux parce que la nature contient une dimension sacrée qui mérite notre déférence et respect. Nous devrions tous posséder l’intuition, et comprendre que nous sommes une humble partie de ce délicat tissu de relations que l’on appelle la vie, et au grand jamais, son exploiteur, ni son destructeur.

Durant ses patrouilles dans la zone, il découvrira dans les collines deux chiens pris dans des pièges à sanglier, à qui il sauvera la vie, au prix d'une patte rongée par la gangrène.
Durant l'été 2012, il trouvera un chien enfermé dans une étable, qui a survécu en se nourrissant des cadavres du bétail.
Kiseki, peu après son sauvetage, puis ayant retrouvé du poil de la bête
Attendant probablement ses maîtres, à l'article de la mort, ayant perdu presque tout son pelage, incapable même de se tenir debout ou de boire de l'eau, ce chien surnommé depuis "Kiseki" (miracle) survivra, après que Naoto l'ait emmené chez un vétérinaire en dehors de la zone interdite. Lequel vétérinaire commencera par l'accuser de maltraitance, le croyant propriétaire de l'animal ! Finalement sorti d'affaire mais n'ayant retrouvé qu'un poil court le protégeant mal des rigueurs hivernales, Kiseki sera adopté par un bienfaiteur à Tokyo.

Mais Mr. Matsumura ne pourra pas tous les sauver, animaux d'élevage ou de compagnie. Nombre de chiens et de chats restés libres retourneront à l'état plus ou moins sauvage dans les bois, et entre autres, un millier de vaches et des dizaines de milliers de volailles restées captives mourront de faim dans la région.


L'histoire de cet homme - "un excentrique, mais qui fait des choses admirables !" selon l'un de ses anciens voisins qui lui rend visite lors de permissions - commence à être connue. Son cas d'exposition aux radiations intéresse quelques chercheurs de la JAXA, L' Agence de l'Exploration Aerospatiale du Japon, qui demandent à faire des tests sur sa personne.

C'est à la prestigieuse - et très politiquement correcte - Université de Tokyo que Mr. Matsumura subira un scanner "corps complet" de 18 minutes, sous la houlette du "bon docteur" Yamashita. Vous savez, celui qui dit que la radioactivité est sans effet sur ceux qui sourient ...
On lui annonce alors qu'il est "champion" des taux d'exposition, l'homme le plus radioactif du Japon. Mais qu'il ne sera pas malade avant 30 ou 40 ans ... Arrive ce qui arrivera déclare-t-il. Je pensais arriver à 80 ans, mais finalement je m'arrêterai peut-être avant ...

Grâce à de nombreux soutiens, Mr Matsumura n'a plus maintenant à se soucier de trouver une nourriture saine et contrôlée, pour ne pas aggraver sa contamination interne. Les dons de particuliers et l'aide de plusieurs ONG lui sont précieux sur le terrain, et lui ont permis en Mai 2012 de fonder sa propre organisation, "Ganbaru Fukushima". Il peut ainsi poursuivre son action légalement, au contraire d'autres sauveteurs bénévoles, en bute aux autorités locales. (1) (2)

"Ganbaru" pourrait se traduire par rester ferme, persévérer, travailer dur. Autant de termes que personnifie Mr. Matsumura depuis l'évacuation de sa ville Tomioka voilà 2 ans, alors que lui seul est resté pour aider ceux qui ne pouvaient protester ou demander de l'aide, les animaux !

Naoto Matsumura. À l'exact opposé des affirma- tions d'un certain petit salopard ex-gouvernemen- tal, voilà un homme que le nucléaire a littéralement ramené à la bougie ! Mais c'est, lui, un grand homme, un vrai.

Dans sa maison de la zone interdite, il dîne encore à la chandelle, utilise un panneau solaire et un générateur de secours pour alimenter son ordinateur et son téléphone cellulaire. Au prix de mettre ses jours en danger et de devenir un hibakusha, un paria que même sa famille ne veut plus approcher, il a librement choisi sa voie pour les années qui lui restent à vivre.

Une belle leçon de courage, d'humilité et d'humanité. Merci Monsieur Matsumura.
Thank you, Matsumura-san.




L'ONG "Ganbaru Fukushima" de Mr. Matsumura possède un site en Japonais, avec quelques traductions en Anglais. On peut aussi y trouver une adresse mail de contact et faire des dons via PayPal, pour ceux qui voudraient participer. (Pour la France, les frais de transaction sont d'environ 4,25%). Voici une traduction automatique de la page d'accueil via Google.

Voici également une page Facebook (En) qui lui est dédiée, et qui mentionne aussi d'autres initiatives de bénévoles qui viennent en aide aux animaux affectés par la catastrophe de Fukushima.

Sources (non classées)
Vidéo originale avec sous-titres en plusieurs langues de bonne qualité :  

原発20キロ圏内に生きる男 - Alone in the Zone
Radioactive Man, by Tomo Kosuga - Vice.com
Radioactive Man, by Tomo Kosuga (alt. v.) - Vice.com
NOUVELLE ÈRE – Naoto Matsumura, dernier habitant du no man’s land de Fukushima - LeMonde.fr

 
The Most Radioactive Man on Earth Has the Kindest Heart - Mother Jones
Lone man remains in off limits Fukushima town - Japan Daily Press
World's most radioactive man: Japanese farmer who refused to leave crippled Fukushima nuclear plant so he can take care of his animals - Dailymail.co.uk
Hero for the animals of Fukushima - Dogtime.com
Kiseki, the miracle dog - Fukshima-is-still-news

mercredi 20 mars 2013

Fukushima Maintenant - Mars 2013


(18'45" En st Fr) - Télécharger la vidéo (129 Mo)

Sur la chaîne de TV Australienne SBS, dans une émission spéciale Dateline sur le thème "Le dilemme nucléaire" (En), Adrian Brown explore les villes fantôme autour de la centrale nucléaire en ruine de Fukushima au Japon, pour voir par lui-même l'héritage laissé aujourd'hui par la catastrophe nucléaire qui a suivi le séisme et le tsunami en 2011.

Le temps s'est arrêté au cours des deux dernières années dans les communautés autour de Fukushima. Armé d'un compteur Geiger, Adrian parcourt l'un des endroits les plus pollués de la planète, et donne la parole à un membre de Safecast, un groupe de volontaires qui cartographie la radioactivité autour de Fukushima, ainsi qu'à l'un des "Fukushima 50", ces employés à la centrale qui sont restés sur place aux pires moments de la crise, prêts à sacrifier leur vie pour tenter de reprendre le contrôle de la centrale en perdition.
Adrian va également à la rencontre de quelques-unes des personnes qui ont choisi de rester dans et autour de la zone d'exclusion. La vie est dure pour les habitants, qui craignent les conséquences à long terme pour leur santé. D'autres habitants ont décidé de déménager et de commencer une nouvelle vie loin de chez eux.

Alors en quoi consistera l'avenir, à la fois pour eux et pour l'industrie japonaise de l'énergie nucléaire ?

Télécharger la Transcription française
Télécharger la Transcription anglaise et crédits

Sources :
Émission "Fukushima Now"
Vidéo originale


lundi 18 mars 2013

Fukushima, compte-rendu chronologique de la catastrophe - Hiroaki Koide 10.03.13


(14'56", Jp st En + Fr) - Télécharger la vidéo (102 Mo)

Dans cet exposé, Hiroaki Koide, titulaire d'une maîtrise ès sciences en génie nucléaire, professeur assistant et chercheur à l'Institut de Recherche du Réacteur de l'Université de Kyoto dresse un compte-rendu rapide sur le déroulement de la catastrophe nucléaire de Fukushima, l'étendue de la contamination radioactive, sa gestion par le gouvernement Japonais et les conséquences pour la population, les risques qui perdurent et vont persister pendant des décennies, et l'aveuglement de certains décideurs économiques et politiques quant à la nécessité de l'énergie nucléaire.

Vidéo réalisée à l'occasion du symposium "The Medical and Ecological Consequences of the Fukushima Nuclear Accident" (Conséquences médicales & environnementales de l'accident nucléaire de Fukushima) organisé par la fondation Helen Caldicott les 11 & 12 Mars 2013 à New York.

Télécharger la Transcription française
Télécharger la Transcription anglaise

Sources :
D'après la vidéo de ERF2012 : http://youtu.be/clmHptj2RVo
Film original de Intertelemedia, Inc
Traduction Anglaise par Kazko Kawai, Voices for Lively Spring
Sous-titres Anglais par East River Films Inc


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Pour en savoir plus, quelques autres vidéos du Dr. Koide :

La vérité sur l'énergie nucléaire - Pr. H. Koide 20.03.2011


(1h46'28", Jp st En + Fr) - Télécharger la vidéo (732 Mo)

Le Professeur Koide, qui n'a cessé de lancer des avertissements sur les dangers de l'énergie nucléaire depuis plus de 40 ans, a donné cette conférence le 20 Mars 2011,  juste après l'accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. (Le but originel de cette conférence était de combattre la construction de 2 centrales à Kaminoseki)

Dr. Hiroaki Koide, le nucléaire est une illusion - A propos de Fukushima - 23.05.2011


(17'11", Jp st Fr) - Télécharger la vidéo (118 Mo)

Le 23 mai 2011, le Dr.Koide comparait comme témoin auprès de la Commission de Surveillance Administrative de la Chambre Haute du Parlement du Japon, à propos de l'accident de Fukushima Daiichi.

Si la piscine de l'unité 4 fuit, c'est LA FIN - 08.03.2012


(7'36", Jp st Fr) - Télécharger la vidéo (52 Mo)

Lors d'une émission TV, le Dr. Koide revient sur les dangers présentés par la piscine à combustible usagé de l'unité 4 de Fukushima Daiichi.

jeudi 14 mars 2013

Mon expérience de Premier Ministre durant la catastrophe nucléaire de Fukushima - Naoto Kan 10.03.13

(16'02", Jp st En + Fr) - Télécharger la vidéo (110 Mo)

Dans ce message vidéo, Naoto Kan, Membre de la Chambre des Représentants au Parlement du Japon, ancien Premier Ministre lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima, résume le déroulement de ces évènements, et nous fait part de son analyse de cette crise majeure et de ses causes, ainsi que ses réflexions quant aux futures politiques énergétiques de son pays et dans le reste du monde.

Vidéo réalisée à l'occasion du symposium "The Medical and Ecological Consequences of the Fukushima Nuclear Accident" organisé par la fondation Helen Caldicott les 11 & 12 Mars 2013 à New York.

Télécharger la transcription japonaise / Japanese Transcript / 日本語トランスクリプトダウンロード
Télécharger la Transcription Anglaise   
Télécharger la Transcription Française 
Télécharger la Transcription Allemande

Sources :
D'après la vidéo originale de Cinema Forum Fukushima : vimeo.com/61465640
Film original de Intertelemedia, Inc
Traduction Anglaise par Kazko Kawai, Voices for Lively Spring
Sous-titres Anglais par East River Films Inc


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(6'10'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (18 Mo)

En complément, voici une interview de Jeremy Rifkin, sur sa vision de l'avenir de l'énergie nucléaire, et de l'énergie en général. Jeremy Rifkin est un essayiste Américain, spécialiste de prospective économique et scientifique, président-fondateur de la Fondation pour les tendances économiques (FOET).Conseiller de nombreuses collectivités et hommes politiques aussi bien aux États-Unis qu'en Europe, il est le principal architecte de la "troisième révolution industrielle", approuvée par la Parlement Européen en 2007.

Juste quelques mot à propos de l'introduction de cette vidéo :
- Où et quand, en tant que citoyens Français, avez-vous en toute connaissance du sujet,
  "fait le choix de l'énergie nucléaire" ?
- N'ayant plus aucune ressource minière en uranium exploitable sur son territoire national,
  comment le nucléaire peut-il être "essentiel" à l'indépendance énergétique de notre pays ?

Pour en savoir un peu plus, une autre vidéo de Terre TV sur Jeremy Rifkin,
Une nouvelle conscience pour un monde en crise".

samedi 2 mars 2013

Fukushima, la mémoire vive du web


(2'51", Fr st En) - Télécharger la vidéo (60 Mo)

"Je vais citer votre blog demain matin sur Europe 1 à 7h22, dans le cadre de ma chronique Web consacrée demain à Fukushima, comment vous présenter ?"

Voilà le mail de Guy Birenbaum que j'ai eu la grande surprise de découvrir dans ma boite ce vendredi matin 28 Février, à l'heure du petit-déjeuner, donc trop tard pour y répondre. Je ne connaissais même pas ce monsieur de nom. La première question qui m'est venue à l'esprit est la suivante : mais comment un gars qui a une chronique sur Europe 1 peut s'intéresser à mon blog d'audience confidentielle, probablement surtout fréquenté par un cercle très restreint d'habitués ?

Réponse, désarmante, de l'expéditeur à qui j'en ai fait part :
"Comment ? En faisant mon boulot. Comme vous."

Blam !  Hé oui, ça parait si simple n'est-ce pas ? Si évident, et empreint de bon sens..
Et à la fois c'est tellement choquant. On est si nombreux à être enfumés, anesthésiés par la soupe que les médias habituels nous servent sans discontinuer. Si habitués à voir Fukushima et les problèmes du nucléaire en général rayés du quotidien.
Choquant oui, car jamais une seconde je n'aurais osé prétendre faire le boulot d'un journaliste. Et il a fallu que ce soit un homme du métier qui me rappelle qu'en dédiant sa chronique à la catastrophe de Fukushima, et à la manière dont Internet l'empêche de sombrer dans un oubli voulu et généralisé, il ne faisait que faire son travail.

Alors merci à Europe 1, et merci Monsieur Birenbaum.

Sans oublier tous les bénévoles, en France et ailleurs, qui n'ont pu être mentionnés dans cette courte chronique.

IndependantWHO, qui m'avait transmis sa propre traduction Française du message de Mr. Idogawa, que j'ai rapprochée de la mienne avant publication.
Taka Honda et le mouvement World Network For Saving Children From Radiation, qui sont à l'origine de la traduction Anglaise du message de Mr. Idogawa et de nombreuses autres vidéos.
Et bien sûr tous les membres des Veilleurs de Fukushima, qui font un boulot remarquable.

Sources :
Carnet de bord de Guy Birenbaum
Publication originale sur le site d'Europe 1
Le combat de Mr. Idogawa, maire de Futaba - Kna blog

Nota : L'étude de l'OMS (liens vers résumé Fr et version complète En) est dispo dans la rubrique Docs


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Fukushima - Que savaient-ils et quand ? - A. Gundersen 11.03.13 from Kna60 on Vimeo.