dimanche 6 juillet 2014

Nucléaire: "Soyez assuré"... que tout va bien !

"Mais nous, on n'assure plus pour ce genre de choses..."

C'est en gros la désagréable surprise qu'a eue un lecteur luxembourgeois, lisant un avenant à son contrat d'assurance maladie souscrite auprès de la compagnie DKV, qu'elle lui a récemment fait parvenir.

Voici une copie de ce document (surlignage par mes soins) :





L'obligation de prestation pour "les dommages dus au rayonnement ou à l'énergie nucléaire" est ainsi devenue caduque. Au motif, selon une discussion entre une personne de cette compagnie d'assurance et mon lecteur, "qu'il n'est pas envisageable de rembourser tout le monde en cas de catastrophe à Cattenom par exemple".

Rappelons en effet que la centrale française de Cattenom est à proximité immédiate du Grand Duché du Luxembourg, dont 75% de la population vit dans une portion d'un périmètre de 25 km autour de la centrale.

Alors, "coup de pression" vers l'opinion publique, venant appuyer les demandes de fermeture de la centrale de Cattenom émises de longue date par le Luxembourg et l'Allemagne voisine vu sa dangerosité ? Ou simple exemple d'une démarche globale appelée à s'étendre, vu l'impossibilité de fait de couvrir les risques et dommages engendrés par un accident nucléaire d'importance ?

On sait en effet que l'industrie du nucléaire fait pratiquement "rouler sans assurance" toutes ses installations à risques, vu l'impossibilité de trouver une compagnie acceptant de prendre en charge les risques afférents et capable d'indemniser les dommages incalculables causés par un accident nucléaire d'envergure.
Mais maintenant, ce sont de simples particuliers comme vous et moi qui se retrouvent encore plus démunis devant la menace radioactive, dont l'impact sur leur santé n'est parfois plus considéré par leur assurance.

Renseignements pris auprès de quelques membres des "veilleurs", il semble que souvent, il ne soit pas fait mention du risque nucléaire dans les contrats d'assurance santé. Par contre, les assurances habitation semblent couvrir ce risque, à condition que l'état de "catastrophe technologique" soit officiellement décrété par le gouvernement.

Et si vous alliez vérifier vos contrats d'assurance ?

Sources et remerciements :
Merci à Odile Girard (http://fukushima-is-still-news.over-blog.com/),
Pectine (http://pectineactualites.wordpress.com/),
Georges Magnier (http://www.vivre-apres-fukushima.fr/).
Le Luxembourg veut la fermeture définitive de la centrale de Cattenom
Centrale nucléaire de Cattenom
Centrale nucléaire française de Cattenom : Que le Luxembourg aille se faire foutre
Assurer le risque nucléaire
Réassurance: l'assurance des assureurs
Nucléaire sans assurance
Accident nucléaire : Quel coût ? Quelles assurances ?

dimanche 23 mars 2014

La radioactivité rend les gens invisibles, par Robert Jacobs

La radioactivité rend les gens invisibles. Nous savons que l'exposition aux rayonnements peut être néfaste pour la santé, qu'elle peut provoquer la maladie ou même la mort si on reçoit de fortes doses. Mais elle fait plus que cela. Les gens qui ont été exposés à des radiations, ou même ceux qui soupçonnent qu'ils ont été exposés à des rayonnements ionisants et qui n'ont jamais ressenti les symptômes des maladies liées à la radioactivité, peuvent éprouver que leurs existences en sont modifiées à jamais - qu'ils sont en quelque sorte devenus des citoyens de seconde classe. Ils peuvent constater que les liens avec leurs familles, leurs communautés, leurs villes natales, leurs régimes alimentaires habituels et même leurs savoirs traditionnels sont brisés. Ils passent généralement le reste de leur vie à souhaiter pouvoir revenir en arrière, que les choses redeviennent normales. Ils se rendent compte peu à peu qu'ils sont devenus sacrifiables, et que leur gouvernement et même leur société ne sont plus investis dans leur bien-être.

En tant qu'historien des aspects socioculturels des technologies nucléaires, j'ai passé des années à travailler dans les communautés touchées par la radioactivité à travers le monde. Beaucoup de ces personnes ont subi une exposition aux radiations issues d'essais ou de la production d'armes nucléaires, d'accidents de centrales nucléaires, de la production d'énergie nucléaire ou du stockage [des déchets], ou comme les gens de la communauté où je vis, Hiroshima, qui ont été soumis à une attaque nucléaire directe. Pendant les cinq dernières années, j'ai travaillé avec le Dr Mick Broderick, de l'Université Murdoch à Perth en Australie, sur le Global Hibakusha Project [Projet Mondial Hibakusha]. Nous avons travaillé dans les communautés touchées par la radioactivité dans le monde entier. Notre recherche nous a fait découvrir une forte continuité dans le vécu de l'exposition aux radiations d'un large éventail de cultures, de géographies et de populations. À peu près à mi-chemin entre le début de cette étude et le moment présent, la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi s'est produite ici au Japon. Une des choses les plus pénibles (parmi tant d'autres) depuis le début de la crise, c'est d'entendre tant de gens, souvent des personnes influentes détenant un pouvoir politique, dire que l'avenir des personnes touchées par la catastrophe nucléaire est incertain. Je souhaite que ce soit le cas, mais il y a en fait de lourds précédents historiques qui suggèrent que l'avenir des populations du Tohoku est prévisible.

Dans ce court article, je vais décrire certaines continuités dans l'expérience des personnes affectées par la radioactivité. La plupart des énoncés suivants sont également vrais pour les personnes qui pensent simplement qu'ils ont été exposés à des radiations, même si elles ne souffrent d'aucune atteinte à leur santé. Beaucoup ont déjà partagé le sort des personnes touchées par la catastrophe de Fukushima. Il y a, bien sûr, de nombreuses différences et des spécificités à chaque communauté, mais il y a aussi beaucoup de similitudes.

Une victime Rongelapaise de l'essai Bravo en 1954
tirée d'une publication du gouvernement américain
Maladie et mortalité - La maladie et même la mort sont les résultats de l'exposition aux radiations auxquels les gens s'attendent. Il est important de savoir qu'il y a beaucoup de façons différentes de tomber malade après une exposition à la radioactivité. Quand les gens sont exposés à des niveaux élevés de rayonnement gamma, ils peuvent souffrir du syndrome d'irradiation aiguë et la mort peut survenir en quelques jours, semaines ou mois. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes du syndrome d'irradiation aiguë à Hiroshima et Nagasaki après avoir survécu aux attaques nucléaires. Une arme nucléaire génère une très forte mais très brève émission de rayons gamma, et si l'ensemble du corps est exposé à des niveaux élevés, cela peut conduire à la maladie et à la mort relativement rapidement. Pour ceux qui ne sont pas proches d'une explosion d'arme atomique, ou à courte distance d'une catastrophe comme Tchernobyl ou Fukushima, la maladie est souvent le résultat de l'incorporation de particules émettrices de rayonnement alpha. Lors des explosions nucléaires, il s'agit des "retombées". Dans le cas de Tchernobyl et de Fukushima elles ont couvert de vastes surfaces lorsque les nuages des explosions sont redescendus sur terre. Les particules émettrices alpha ne peuvent pas pénétrer la peau comme le font les rayons gamma, mais sont plutôt absorbées par inhalation ou ingestion, ou par des coupures de l'épiderme. Ces particules ne dégagent pas une grande quantité de rayonnement, mais si elles se logent dans le corps, elles continueront d'exposer un petit nombre de cellules 24 heures par jour, souvent pour le restant de la vie d'une personne. Cela peut entraîner des cancers et des troubles immunitaires qui se développent plus tard dans l'existence, parfois quelques années, parfois après une ou plusieurs décennies. Depuis que les panaches des trois explosions à Fukushima ont déposés de grandes quantités d'émetteurs alpha sur un vaste périmètre, c'est devenu le principal danger pour les personnes vivant dans les zones contaminées. Il est malhonnête que les apologistes de l'industrie nucléaire disent des choses comme "aucun mort à Fukushima", car ils sont bien conscients que pour la plupart des gens qui finiront par tomber malades, ce processus prendra du temps. Nous sommes actuellement dans la période de latence de ces maladies, un point dont profitent les services de relations publiques de l'industrie du nucléaire.

Une décoration murale dans l'Hôtel de Ville de Bikini,
atoll de Majuro, dans les îles Marshall, construit à l'aide
de grues de papier pliées.
Pertes d'habitations, communauté et identité - Les zones qui connaissent la contamination radioactive doivent souvent être abandonnées par ceux qui y vivent. Les niveaux de radiations peuvent être suffisamment élevés pour que la résidence continue puisse y être dangereuse pour la santé. Dans ces cas, les gens perdent leurs maisons, les foyers traditionnels qui peuvent souvent avoir été les résidences principales pour des familles regroupant plusieurs générations. L'identité peut alors être profondément liée à la maison et à la terre qui l'entoure. Pour les communautés qui doivent être abandonnées, ces liens qui ont été construits et qui maintiennent le bien-être de la communauté sont désintégrés. Les amis sont séparés, les familles étendues sont souvent disloquées, et les écoles sont fermées. Les gens qui ont vécu au même endroit toute leur vie ont à prendre un nouveau départ, quelquefois à un âge avancé, ainsi parfois que les enfants, et perdent les structures communes qui les ont soutenus : les commerçants qui les connaissent, les voisins sur qui compter,  la simple familiarité que nous tirons d'être connu et de connaître notre entourage.

Qu'est-ce qui est perdu quand une personne ne peut plus manger une pomme d'un arbre planté par ses parents ou grands-parents ? Avec la perte de leur communauté, beaucoup de gens perdent leur moyen de subsistance. C'est particulièrement vrai dans les endroits les moins industrialisés, où de nombreuses personnes ont été agriculteurs, pêcheurs ou éleveurs depuis des générations. Quand quelqu'un qui a seulement connu l'agriculture est arraché à la terre dont il a pris soin, quand quelqu'un qui est pêcheur ne peut plus pêcher dans les zones où ils comprend les rythmes naturels et les habitudes des poissons, il peut leur être impossible de recommencer quelque chose [ailleurs]. Souvent, ces gens sont obligés d'entrer dans des situations de servitude ou deviennent dépendants des subventions de l'état, ce qui érode davantage leur estime d'eux-mêmes et leur bien-être. Habituellement, ceux retirés de leur terre en raison de la contamination sont placés dans des logements temporaires. Dans presque tous les cas, ce logement n'est pas temporaire, mais devient permanent. Comme il est d'abord destiné à être temporaire, il est souvent de très mauvaise qualité et exigu. Il peut devenir impossible pour les familles dont plusieurs générations se sont côtoyées pendant des décennies de rester ensemble. Cela peut priver de soins les personnes âgées, supprimer la garde des enfants pour les jeunes familles, et miner le maintien de l'identité, des connaissances et du soutien familial. L'arrachement à la terre est également accompagné de la perte d'un régime alimentaire traditionnel. Ceux qui n'ont pas accès aux terres et aux mers qui ont fourni de la nourriture à leurs familles pendant des générations entament souvent un parcours vers la maladie, favorisée par un nouveau régime alimentaire composé d'aliments transformés. Dans certaines communautés, comme les petits villages autour de l'ancien site soviétique d'essais nucléaires du Kazakhstan, les gens continuent tout simplement à vivre dans des maisons dangereusement contaminées. L'état responsable de leur exposition n'existe plus et aucun gouvernement ne se sent responsable de devoir les évacuer. Ils vivent une vie très traditionnelle et la plupart de leur nourriture provient de leurs propres jardins et du bétail élevé sur leurs terres contaminées. Beaucoup des radionucléides à vie longue se recyclent simplement à travers cet écosystème et ceux qui vivent ici peuvent être contaminés et recontaminés sur plusieurs générations.

Une parcelle agricole expérimentale située dans le
polygone du site d'essais nucléaires au Kazakhstan
Perte des connaissances traditionnelles - Dans certains endroits reculés, la survie dépend d'une compréhension de la terre datant de plusieurs siècles. En Australie, les zones où les Britanniques ont mené des essais nucléaires dans l'outback sont des endroits très difficiles à vivre. Les communautés traditionnelles dans ces contrées ont souvent des chansons qui recèlent et transmettent les connaissances essentielles sur la façon de survivre dans un environnement aussi hostile, comme où trouver de l'eau, quand chasser certains animaux spécifiques, quand se déplacer vers différentes zones. Lorsque les Britanniques les ont déménagés pour vivre dans des zones à des centaines de kilomètres de leurs maisons traditionnelles, ces connaissances ont été brisées. Il est devenu impossible pour la population de réfugiés de survivre selon leur mode de vie traditionnel dans des zones où ils n'avaient aucune connaissance des rythmes de la terre et des animaux. Cet enlèvement à leurs terres traditionnelles les a rapidement rendus dépendants de l'aide gouvernementale, et les a coupés de ce qui avait été un millénaire d'autonomie. Cela a causé l'érosion de la communauté, du bien-être personnel et familial. 

Discrimination - Les populations qui pourraient avoir été exposées à des radiations souffrent habituellement de discrimination dans leurs nouvelles résidences et deviennent souvent des parias sociaux. Nous avons d'abord vu cette dynamique avec les hibakusha [victimes de la bombe atomique] à Hiroshima et Nagasaki, pour qui il a été très difficile de trouver des partenaires pour se marier car les futures épouses craignaient d'avoir des enfants malformés, qui ont eu du mal à trouver un emploi car les employeurs supposaient qu'ils seraient plus souvent malades, et sont souvent devenus la cible de brimades. Il est devenu très commun de cacher le fait que sa famille a été parmi celles exposées à la radioactivité. Beaucoup de gens connaissent l'histoire de Sadako Sasaki, qui est décédée à l' âge de douze ans, après avoir été exposée aux radiations de l'attaque nucléaire sur Hiroshima dix ans plus tôt. Sadako confectionna des grues en papier plié selon une tradition japonaise disant que quelqu'un qui plie mille grues de papier se voit accorder la réalisation d'un souhait. L'histoire de Sadako est devenue bien connue, et des enfants à travers le monde plient des grues en papier quand ils apprennent son histoire, dont beaucoup sont envoyées ici à Hiroshima. Alors que Sadako est devenue un symbole de l'innocence de tant d'hibakusha qui ont été victimes de l'attaque nucléaire, son père a essayé de cacher ce fait afin que sa famille ne souffre pas de discrimination, et a été contrarié que sa fille soit devenue une si célèbre victime. Les enfants des familles évacuées de la préfecture de Fukushima après la triple fusion des réacteurs de la centrale se sont trouvé être les victimes de brimades dans leur nouvelles écoles. Les voitures avec des plaques d'immatriculation de Fukushima ont été rayées lorsqu'elles stationnaient dans d'autres préfectures. C'est souvent là le résultat de la crainte naturelle de la contamination, qui est associée à des personnes exposées à un poison. Dans les îles Marshall, ceux qui ont été évacués de Rongelap et d'autres atolls qui sont devenus invivables après avoir été recouverts par les retombées radioactives de l'essai Bravo en 1954, ont eu à vivre en tant que réfugiés sur les atolls d'autres peuples pendant plusieurs générations maintenant. Les îles Marshall ont très peu de terres habitables, et être ainsi déplacés dans des atolls qui appartenaient traditionnellement à d'autres les a laissés sans accès à de la bonne terre et de bons endroits pour la pêche et le stockage des bateaux. Ils ont eu à vivre par les bonnes grâces de leurs nouveaux hôtes, et supporter d'être vus comme des intrus.

Un jeune garçon de Rongelap est examiné
par un médecin militaire américain après
avoir été exposés à des niveaux élevés de
retombées radioactives lors de l' essai Bravo
dans les îles Marshall le 1er mars 1954
Devenir des sujets d'études médicales - Beaucoup de gens qui ont été exposés à des rayonnements deviennent alors l'objet d'études médicales, souvent sans informations sur les tests auxquels ils sont soumis. Les hibakusha des attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki sont devenus les sujets d'études de la Atomic Bomb Casualty Commission [Commission aux Victimes de la Bombe Atomique], pendant l'occupation américaine du Japon après la Seconde Guerre mondiale. Cette étude a continué jusqu'à ce jour, menée par la Radiation Effects Research Fondation, devenue américano-japonaise. Durant les premiers temps de l'étude, les hibakusha japonais n'avaient pas le choix d'être soumis ou non à des examens médicaux. Une jeep de l'armée américaine apparaissait devant leurs maison et ils devaient y monter pour se rendre à un examen, que ce soit le bon moment ou pas. Ils n'ont pas reçu d'informations sur les résultats de leurs tests. Cela s'est produit dans de nombreuses communautés touchées par la radioactivité. En 1966, un bombardier nucléaire américain a explosé en plein vol et ses débris sont tombés sur le petit village de Palomares, en Espagne. Quatre bombes H sont tombées de l'avion, l'une dans la mer, et trois sur le petit village. Aucune n'a explosé, mais deux se sont fracassées, et le plutonium ainsi que d'autres radionucléides ont contaminé une partie de la ville. À ce jour, quelques-uns des habitants de Palomares sont emmenés à Madrid chaque année pour un examen médical, les effets de l'exposition sur leur santé sont suivis. On ne leur a jamais donné aucun résultat des tests , ni information si une quelconque maladie qu'ils développent est liée à leur exposition. Ce sont des sujets, et non des participants à la collecte et l'évaluation des effets des rayonnements sur leur corps. Il ne fait aucun doute que ces études fournissent des données utiles à notre compréhension des conséquences sanitaires de l'exposition aux rayonnements (les données elles-mêmes sont controversées pour des raisons que je ne vais pas aborder ici), toutefois pour ceux dont les informations sont recueillies, être étudié mais pas informé réduit le sentiment d'intégrité et d'organisation quant au maintien de votre propre état de santé. De nombreux insulaires du Pacifique, exposés aux radiations par les essais nucléaires des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, connaissaient de telles expériences où ils ont été examinés , puis renvoyés sans aucun accès aux résultats. Beaucoup disent se sentir comme s'ils servaient à récolter des données. 

Anxiété - Souvent, la première chose que l'ont dit à ceux qui sont exposés à un rayonnement, c'est qu'ils n'ont rien à craindre. Leurs inquiétudes sont minimisées. La radioactivité est une chose très abstraite et difficile à comprendre. Elle est imperceptible - insipide, inodore, invisible - ajoutant à l'incertitude qu'ont les gens d'avoir été exposés, à quel niveau ils ont été exposés, et si eux et leurs proches vont souffrir d'effets sur leur santé. Le rejet de leurs angoisses par les autorités médicales et gouvernementales ne fait qu'aggraver leur anxiété. Lorsque d'autres membres de leur communauté développent des problèmes de santé, comme le cancer de la thyroïde et d'autres maladies des années plus tard, cela peut jeter une ombre sur leur propre sentiment de bien-être pour le reste de leur vie. Chaque fois qu'ils font une poussée de fièvre, chaque fois qu'ils éprouvent une douleur d'estomac, ont un saignement de nez et d'autres affections courantes, cette anxiété ressurgit et ça y est pensent-ils, finalement je suis foutu. Ces craintes s'étendent à leurs parents, leurs enfants et autres proches. Chaque fièvre qu'ont leur enfant ravive les horribles craintes qu'il va mourir. Sadako a été en bonne santé pendant neuf ans après son exposition aux radiations, quand elle avait deux ans à Hiroshima. Puis, soudain, son cou a commencé à enfler et on lui a bientôt diagnostiqué une leucémie. C'est l'univers de cauchemar que les parents d'enfants exposés à la radioactivité vivent au quotidien. Chaque maladie peut les déchirer leur vie. 

La radiophobie et le blâme aux victimes - Comme il est fréquent que l'on ne sache pas qui est ou n'est pas exposé à la radioactivité, en particulier à des particules émettrices alpha absorbées, un grand nombre de personnes proches d'une explosion nucléaire, d'un centre de production d'énergie nucléaire, d'un accident de centrale nucléaire, d'un site d'extraction d'uranium et d'innombrables autres sources d'exposition aux rayonnements, s'inquiètent pour leur santé et celle de leurs proches. Parmi ce groupe, certains ont été exposés et d'autres pas. L'incertitude fait partie du traumatisme. Souvent , comme c'est actuellement le cas pour les gens du nord du Japon, tous ces gens sont rejetés comme ayant une peur excessive des radiations, et on nous dit souvent que leurs problèmes de santé sont le résultat de leurs propres angoisses. Dans certains cas, cela peut bien être vrai, mais ce n'est pas là l'important. Pour ceux qui ont vécu une catastrophe radiologique, qui peuvent avoir été déplacés de leurs foyers et avoir perdu les liens et le soutient de leurs communautés, qui sont incertains quant à savoir si chaque grippe ou douleur d'estomac est le signe avant-coureur de la fin, et qui ne peuvent pas être sûrs que la contamination par des particules émettrices alpha difficiles à détecter est encore possible lorsque leurs enfants jouent dans le parc, l'anxiété est leur réaction naturelle. Même si cela cause des problèmes de santé, ce n'est pas de leur faute : des forces en dehors de leur contrôle ont bouleversé leur vie et ils doivent maintenant vivre une vie d'incertitude et sont souvent victimes de discrimination. Bien sûr, ils vont souffrir de l'inquiétude que cette situation produit. Les blâmer pour cela revient à blâmer les victimes de cette situation, et c'est une forme supplémentaire de traumatisme.

Le monument aux victimes du nucléaire
à Semey, Kazakhstan.
Conclusions - La radioactivité rend les gens invisibles. Elle en fait des citoyens de seconde classe qui n'ont plus l'espoir d'être traités avec dignité par leur gouvernement, par ceux qui surveillent les installations nucléaires près d'eux, par l'armée et l'industrie nucléaire qui se livrent à des pratiques qui exposent les personnes aux radiations, et souvent par leur nouveaux voisins quand ils deviennent des réfugiés. Les personnes exposées à la radioactivité perdent souvent leurs maisons, soit par leur abandon forcé ou par la contamination qui en rend l'habitation dangereuse. Ils perdent leurs moyens de subsistance, leur mode d'alimentation, leurs communautés et leurs traditions. Ils peuvent perdre la base de connaissances qui les relie à leur terre et assure leur bien-être. La radioactivité peut causer des problèmes de santé et la mort, et même quand ce n'est pas le cas, elle peut causer des états d'anxiété et d'incertitude dévastateurs, qui peuvent devenir invalidants. Souvent ceux qui sont exposés à des radiations sont blâmés pour tous les problèmes qui suivent leur exposition. Après une catastrophe nucléaire, nous comptons les victimes en dénombrant ceux qui sont morts, mais ils ne représentent seulement qu'une petite fraction des individus qui sont réellement victimisés par l'accident. D'innombrables autres souffrent de la destruction de leurs communautés, de leurs familles, et leur bien-être. La dévastation qu'une catastrophe nucléaire sème vraiment est inconcevable. 

La vie de ceux qui sont exposés à des radiations, ou qui se trouvent dans les zones touchées par la radioactivité mais ne sont pas sûrs de leurs expositions, ne sera plus jamais la même. Comme l'a dit Natalia Manzurova, l'un des «liquidateurs» de Tchernobyl dans un entretien publié deux mois après la triple fusion des réacteurs de Fukushima :
  
"Leurs vies seront divisées en deux parties : avant et après Fukushima. Ils s'inquièteront de leur santé et celle de leurs enfants. Le gouvernement va probablement dire qu'il n'y avait pas beaucoup de radioactivité et qu'elle ne leur a pas porté préjudice. Et le gouvernement ne les indemnisera probablement pas pour tout ce qu'ils ont perdu. Ce qu'ils ont perdu ne peut être calculé."


(Télécharger l'article en PDF)

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Cet article, initialement publié en anglais par SimplyInfo, est un condensé tiré d'un chapitre du manuscrit d'un livre en préparation sur le travail du Projet Mondial Hibakusha, par le Dr Robert Jacobs et le Dr Mick Broderick. Traduction par mes soins avec leur autorisation.

Robert Jacobs est professeur associé à l'Institut de la Paix d'Hiroshima, université d'Hiroshima, Japon.

Vous pouvez en complément voir ou revoir cette vidéo que j'ai traduite en octobre 2012, réalisée lors de sa participation à une table ronde au Kazakhstan, où il s'exprime sur les causes des fusions des réacteurs de Fukushima Daiichi et les dommages connus pour avoir eu lieu avant le tsunami :



(9'08'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (63 Mo)


Vous pouvez également visionner cette vidéo de Fairewinds, où Arnie gundersen nous parle des vraies victimes de la triple fusion des réacteurs de Fukushima Daiichi, qui sont devenues invisibles aux yeux des fournisseurs d'énergie électrique du Japon :


(15'57'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (109 Mo)


Et aux dernières nouvelles, il semble que même mortes, les victimes du nucléaire continuent de disparaître du champ de la réalité. Continuent, car ceux qui cherchent à se documenter de manière impartiale sur le nucléaire savent bien que ce n'est en rien une nouveauté. Il n'y a qu'à se souvenir entre autres de la catastrophe de Mayak, cachée au reste du monde pendant des années, et aux chiffres officiels des victimes de Tchernobyl, ridiculement et criminellement bas. Plus récemment, on peut se remémorer cette vidéo, où il est question de la mort d'un ou probablement plusieurs sauveteurs se portant au secours des victimes du séisme et du tsunami de mars 2011, décès jamais confirmé(s) officiellement par le Japon.

Cette fois, c'est une courageuse journaliste indépendante japonaise, Mme Mako Oshidori, qui nous révèle lors d'une conférence internationale sur les effets des catastrophes nucléaires sur l'environnement naturel et la santé humaine, qui s'est tenue non loin de Francfort le 6 mars 2014, que le décès de nombre de travailleurs ou ex-travailleurs du site de Fukushima Daiichi aurait été passé sous silence par TEPCO et le gouvernement japonais. Je vous invite à lire à ce sujet cette traduction française par le groupe Facebook "Fukushima informations" de l'article original en anglais par NSNBC International.


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Je termine cet article avec une chanson, que son auteur Zedvan vient de me signaler.
Écoutez et regardez. J'espère qu'ainsi, au moins l'un de ces invisibles ne disparaîtra pas définitivement dans le non-su et dans l'oubli, mais qu'au contraire il existera dans quelques consciences de plus, petite lumière fragile et vascillante. Puissent-elles éclairer nos chemins à venir, et ceux de nos enfants. Je laisse la parole à Zedvan :

"Depuis trois ans, la centrale nucléaire détruite de Fukushima-Daiichi vomit ses radiations dans la terre du Japon et l'océan Pacifique. On en parle un peu, parce que c'est l'anniversaire, et puis après, plus rien...

Chanteur français, citoyen du monde, je ne me résous pas à ce silence. Pas plus qu'aux pertes irrémédiables que l'industrie nucléaire inflige et risque encore d'infliger à la planète et à l'humanité.

Le 13 avril 2011, au lendemain de l'annonce par le gouvernement japonais de l'évacuation d'Iitate (Province de Soma, District de Fukushima), Fumio Okubo, le doyen du village, âgé de 102 ans, a préféré se suicider plutôt que de quitter sa maison. "Fukushima, chanson du doyen d'Iitate", tente de donner la parole à cet homme.

Je mets aujourd'hui en ligne une vidéo illustrant cette chanson :
"Fukushima, chanson du doyen d'Iitate", extrait de l'album 'La zébritude' (LRDJ/Absilone, octobre 2013)



(3'47'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (55 Mo)

Une version sous-titrée en anglais (http://youtu.be/lFG9CxPXK_E)  et une en japonais (http://youtu.be/2pLs9BvTKMA) sont également disponibles. D'autres traductions suivront, très bientôt : ce que le Japon a perdu, nous l'avons tous perdu.

N'hésitez pas à diffuser ces vidéos autour de vous.

Amitiés, Zedvan
http://www.zedvan.com"


Merci Zedvan. 
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Sources :
Radiation Makes People Invisible - Full Article

mercredi 1 janvier 2014

FULL TYVEK JACKET - To the workers of Fukushima



(Version française ici) - (Sorry for mistakes, English is not my mother language...)


To the workers of Fukushima.

The first to intervene at the most terrible moments of the nuclear disaster.
Those who - day after day - are up against
an ever-worsening situation.
Those who will have to replace them
for many years to come.
To their families and loved ones.

This is a message of gratitude and sympathy from France.

You may not be able to rely on your employers or your political leaders to treat you properly, but this doesn’t mean you are alone, iscredited, facing the hard to overcome problems you have to deal with.

This may only be a meagre consolation to you, but many thousands of kilometers away, complete strangers, ordinary citizens like you are thinking of you and are grateful for your courage and your dedication.

You are important people who deserve every respect, given the responsibilities you are constantly shouldering and what you are accomplishing, without recognition or reward.

One can't blame the worker who unplugged the wrong pipe, pressed the wrong button or caused a tank to overflow, because of a lack of training, precise instructions and means of control.

One can't blame the worker who falls into depression when he is confronted by difficult working conditions that endanger his health and his life?

There are probably, throughout the world, thousands if not millions of people like us who are on your side and count on you, who offer you their trust and moral support, and who don’t forget you exist.

We don’t know you personally, but like you, we are human beings and citizens of the Earth. We are aware of your difficult position, we cannot do much to help you, but we want to say thank you for what you do, thank you for the risks you are taking for us all. You have our heartfelt support.

Thank you, "Fukushima 50" and all the brave people who from the very beginning of the disaster did not hesitate to risk their lives to prevent an even more dire situation.

Thank you to all these people whose name will never get mentioned but who contribute each day to the colossal task of keeping the radioactive peril at the Fukushima plant in check.

May our moral support and our thoughts reach you, your families, and the loved ones of the victims who have lost their health and their lives in this battle.

~ ☢ ~

Here is this same text in PDF, translated into several languages. My goal is that the Japanese message can reach some Fukushima workers. Post this text, pass it on, so it has a chance to reach its recipients. (Please share the links below, not the files themselves or their direct links, so I can keep visibility on their attendance.)

Japanese
福島原発で働く皆さんへ 
German
An die Arbeiter im Atomkraftwerk Fukushima
English
To the workers of Fukushima 
Spanish 
A los trabajadores de Fukushima 
Esperanto
Al la laboristoj de Fukushima
French 
Aux travailleurs de Fukushima
Italian 
Ai lavoratori di Fukushima 
Dutch
Aan de werknemers van Fukushima
Portuguese
Aos trabalhadores de Fukushima
Russian
Работникам на Фукусиме
Other
It's up to you ...


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The title of this article, "Full Tyvek Jacket", probably reminds something to many of you. This is not coincidence.

Tyvek is a material made from non-woven polyethylene fibres, a fortuitous discovery of the DuPont company in the 1950s. It is the constituent of white or sometimes blue protective suits, intended to be worn by all the workers involved on the Fukushima Daiichi site and decontamination sites in controled areas. This type of combination is widely used in many industrial or craft activities as disposable protective clothing against dirt.

For what concerns us, they therefore mainly protect workers from contamination by radioactive dust. But absolutely not against penetrating radiation, gamma rays or neutrons beams. Against these risks you should have lead or tungsten based composites, used for example at Chernobyl or Fukushima, by some very exposed stakeholders during the cleaning work on the reactor 3 building.

They do not protect either against risk caused by faulty adjustment of all protective elements of the outfit, due to missing or insufficient instructions, or inadequate equipment parts. Be remembered for example of the workers irradiated in March 2011 in the reactor 3 building unit flooded with highly contaminated water
they waded, having seeped between their low boots and the ill-fitting outfit. On the other hand, it should be noted that "for photos", where their colleagues hiding them behind a tarp during their evacuation to receive care, everyone seems well sealed and stuck around. Or almost... 

So here is the only armor against radiation available to the vast majority of workers in Fukushima: polyethylene overalls. Full tyvek jacket ...



Russia Today recently published a short report on the conditions of workers in charge of the post-Fukushima rehabilitation work. Here it is with French subtittles. It includes Tomohiko Suzuki, the courageous investigative journalist who worked clandestinely in Fukushima for a month and a half during the summer of 2011, and has published a book titled "The Yakuza and the nuclear industry."


(3'30'' En st Fr) - Download the video (24 Mo)


Although a bit long, I suggest you to look at the following conference held in December 2011, in which Mr. Suzuki describes his experience at the Fukushima plant, with some photos and video footage taken on the spot . The two main themes are:
- The state of the plant, despite the official declaration of "cold shutdown," the risks to workers and the shortcomings of TEPCO and the Japanese government.
- Involvement for many years of the Yakuza mafia organizations in the Japanese nuclear industry.


(1h42'03'' Jp + En st Fr) - Download the video (700 Mo)


Now here is the testimony of some Fukushima workers who contacted the ZDF (German TV) studios in Tokyo in October 2011: "Those that are often called heroes, those who do the cleaning, gave their version of their severe work conditions without having any real idea of radioactivity doses there. Even if nuclear disaster is out of the head of most people, for those who work there, it continues ..." (German & French language only)


(8'16", De st Fr) - Download the video (57 Mo)


Here is a French video by BFMTV, published in March, 2013: "They are sometimes called liquidators, they are the workers at the Fukushima plant in Japan. Two years after the nuclear disaster, they are still likely to work on the site, in harsh conditions. In their white overalls, mask face, they are 3,600 working night and day to stabilize the damaged power plant. "


(1'20", Fr) - Download the video (60 Mo)


The months and years pass, very little change. Now back to more than 40 years ago, with the uplifting documentary by N. Röhl, "Nuclear Ginza", where he gives the word to several victims, sent to be irradiated without protection or training in the most dangerous areas, and to the parents of a less than 30 years worker, who died. I've already posted an article there about that one year ago. If not already done, go read it, review this video. This is also the nuclear world, in the beautiful nation of Japan, moving towards a bright future ...


(25'36", En st Jp + Fr) - Download the video (60 Mo)


Here is now the testimony of a reader, Satoko, that she send me in English after the original publication of this article, and allowed me to reproduce here:

"My parents who live a small town facing pacific in Hokkaido, Japan, once had an opportunity to host a homeless person in their house. He was looking for a one night shelter in the small town in Hokkaido with no money. The old man used to be working in various power plants in Japan and when he would reach his maximum annual dose of radiation he would leave the site and start travel around Japan. He ended up in Hokkaido at that time after working somewhere and found himself with no money. After one night he left for Aomori, the northern tip of Honshu island, with some money my father gave for train fare. I suppose many workers have been living like the man, working in various power plants sites in Japan since the very beginning of Japan's nuclear history. They are not the people who are rightly protected and well paid for their dangerous nature of the work. It is the shadow of the nuclear history of Japan and I am glad you mentioned about them in your blog!
I just asks my mother who is now with us about the old guy they hosted. Apparently the man came to the local catholic church to look for a shelter, which means he knew very well that religious temples and churches were likely to give money or shelter for him. But people in the church didn't do so and called my father to deal with him (my parents are catholic). My father took him to the house and offered one night shelter, with dinner and drinks and bath. My mother says they have already hosted many people (mostly hitchhiker on the streets) at their place so didn't surprise her that time, too. My father is really a strange kind…. The man said that he had an apartment in Tokyo, but they didn't buy the story, as well as his claim that his money had been stolen. He would stay in one place and work, earn money, and hitchhike all around Japan. I think many construction workers are temporary sub contractors, and sometimes employers give food and shelter (of course they cost money, subtracted from the daily pay) for those in need. The man my parents hosted was probably one of those workers.
Now I have seen some advertisement for recruiting workers and they are like 13,000 yen a day, but I don't think it it true. Workers usually have to pay for contractors fees, a bed and food, even for the health check ( I read it in the article I posted in the FB page). At last the money they receive should be much lower than the advertised. I remembered the story somehow because it happened after 3.11. It was kind of interesting".


I think it would be unfair not to mention also those which are often early in the frontline of disasters, the firefighters, and the military. Certainly, they are more likely to chose their profession without being picked up in some shallows by the Yakuza. But whether in Ukraine or Japan, how many of them paid with their lives for their willingness to fight a battle in which they were not prepared, and brought relief to others? We'll never know, it's not in the interest of any government or authority to recognize and disclose exactly such kind of things when it comes to nuclear power.

However, here is a testimony about the death of a member of the special rescue unit of firefighters, who has not been officially confirmed or reported in the mainstream media. It includes Taro Yamamoto, who had not yet paid policy. Since that, some also tries to make him pay a high price for the truths he tries to highlight ...


(4'33", Jp st Fr) - Download the video (60 Mo)


Here is also an American channel PBS documentary, "Inside Fukushima's meltdowns", in English, which pays tribute to these brave men.
The English transcript is available following this link.


(53'08'' En) - Download the video (751 Mo)


It seems difficult for me to finish this article, yet dedicated to the workers of Fukushima, without a mention to France. Can we think that in France, the situation of nuclear workers is better? In france, it's not the mafia that provides all-comers intermittent to nuclear industry. And here, no Fukushima-like disaster yet. But there is much more to say on the subject, which deserves a specific article.

Here are just "The nuclear convicts", a photo-montage made ​​in August 2011, based on pictures by Vincent Capman. He also worked with men he photographed in Cattenom and Paluel French NPP in 2008 and 2009. He shared their lives, their workdays, their rest periods.


(3'43", Fr) - Download the video (25 Mo)

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One last question :

Is it what you want
for your children too,


"full tyvek jacket" ?








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To come back to the message for the workers, I would be very happy that other people or other groups took up this idea, and also express their support for those fighting on the battlefield of Fukushima, for all of us.Post this message on your website or blog, please contact us to translate it into other languages ​​and for inclusion in the list of participants.
Write your own support  message if you prefer, and distribute it as well.
You can also write a traditional letter, here is the mailing address of the "rear base" of workers at J-Village. It features Japanese mention "To the Fukushima workers". The easiest way is probably to print it directly or stick it on the envelope.

Don't forget that the majority of recipients only read Japanese. But there are drawings, symbols, which do not need to understand a foreign language.


〒979-0513福島県双葉郡楢葉町大字山田岡字美シ森8Jヴィレッジ内
福島復興公社
福島第一原発の作業員の皆様へ

Fukushima Revitalization Headquarters at J-Village
8, Utsukushi-mori, Yamada-oka aza
Naraha-machi oaza, Futaba-gun
979-0513, Fukushima
Japan

Please Check with your local post office for postage fees.

If we multiply enough and relay this movement of fraternal support, if enough media to echo, then maybe this will encourage Japan to make a move for these brave men. One can always dream ...


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Acknowledgments and credits:


Big thanks to all those without whom I couldn't have finally give life to this project.
Thank you of course to the participants, which help spread this message, and I have been an indispensable aid among other translations.
Thank you to Cathy, Janick, Pectine, Odile, SB, Akio, Georges Laurent, Pierre, Pierre R. Dandoy, Paolo, the team from Afaz site. I hope not to forget anyone, if that's the case, let me know.

Special thanks to those who preferred to remain "anonymous valuable contributors" for their decisive participation, they will recognize themselves.

Special Report: Japan's homeless recruited for murky Fukushima clean-up
Appreciate Fukushima Workersthe initiative of a former worker of Fukushima in assisting other workers. (Jp) 
Former TEPCO employee seeks donations for downtrodden Fukushima workers
Réservoirs de Fukushima : fuyards et construits par des travailleurs illégaux (Reuters UK traduction Google)
Press Release (Nov 29,2013) Exposure Dose Evaluation of the Workers at Fukushima Daiichi
Nuclear-News, TEPCO-Workers deaths are not reported 報道されない原発作業員の死亡について
Riva Press, photographies de Vincent Capman

The Guardian, Life as a Fukushima clean-up worker – radiation, exhaustion, public criticism
PBS, For Fukushima Workers, Cancer Isn’t the Only Health Threat
The Telegraph, How the Yakuza went nuclear
Kibo-promesse, Yakuza et nucléaire au japon

Russia Today, Atomic Mafia? Yakuza cleans up Fukushima, neglects basic workers' rights
CCTV English, workers say decontamination work ineffective
Reuters Insider, Help Wanted: Must be willing to work at nuclear ground zero
Japanfocus, Nuclear workers down and out at Fukushima
Enenews, ‘Nuclear Slaves’ at Fukushima
Enenews, Multiples cancers for ex-Fukushima worker

Reuters, Help wanted in Fukushima: low pay, high risks and gansters
Témoignage original de Satoko en anglais
原発作業員の労働状況は以下の記事をご参考に
Enformable, Chairman of Japanese nuclear regulator blames declining worker morale for Fukushima leaks and problems
Nobody, pointing a finger at Fukushima 1 webcam

The Independent, 'I am one of the Fukushima fifty'
BBC, Why Japan's 'Fukushima 50' remain unknown
The Guardian, Fukushima 50: 'We felt like kamikaze pilots ready to sacrifice everything'
Wikipedia, Fukushima 50 (En)
Wikipédia, Les cinquante de Fukushima
Agoravox, Fukushima : Les travailleurs se cachent pour mourir

Courrier International, Les ouvriers de Fukushima "invités" à truquer leurs dosimètres
Europe 1, Le "héros" de Fukushima est mort
Gen4, L'incroyable histoire des "50 de Fukushima" 

Kibo Promesse, les enfants japonais parlent de Fukushima
Culturebox, Fukushima à travers 400 dessins d'enfants japonais 


Hymn to The Fukushima 50 - a Tribute by Julius Dobos




----------------------------------------------------- Participants ------------------------------------------------------------

Franck
Georges
Odile
Pectine
Pierre
4 from AFAZ
Paolo
Citizenperth
Legion Network CH
Philippe Hillion
     
〃              〃




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Fukushima - Que savaient-ils et quand ? - A. Gundersen 11.03.13 from Kna60 on Vimeo.