Naoto Matsumura, fermier de 53 ans, est né et à grandi à Tomioka, petite ville dans la zone désormais interdite, à moins de 20 km de la centrale nucléaire de Fukushima en ruines. Ne voulant pas évacuer au début de la catastrophe comme tous ses concitoyens, il décide pourtant le 15 Mars 2011, après l'explosion du réacteur n°4, de quitter avec les siens la ferme exploitée par sa famille depuis 5 générations.
Son père leur suggère de se réfugier chez sa soeur dans le Sud, mais de peur d'être contaminée par les radiations, celle-ci ne leur ouvrira pas sa porte. Impossible également de trouver de la place dans les centres d'hébergement pour les réfugiés de la catastrophe, déjà surchargés.
Naoto Matsumura décide alors de laisser sa famille à Iwaki et de retourner chez lui pour nourrir ses animaux.
Le dernier habitant de Fukushima (2'51", Fr) |
Zones d'évacuation Avril 2011 |
Le dernier habitant du no man's land (2'58", Fr) |
Il verra alors affluer dans sa cour des chats faméliques, auxquels pris de pitié il jettera des croquettes. Puis devant les concerts d'aboiements et de hurlements que sa camionnette déclenche sur son passage, il découvrira rapidement, d'abord chez ses voisins puis dans tous les environs, que partout des animaux ont été abandonnés, souvent enfermés ou attachés et incapables de se nourrir, leurs propriétaires pensant pouvoir rentrer chez eux assez rapidement.
Il décide alors de rester définitivement dans la zone évacuée et interdite, pour sauver et s'occuper d'autant d'animaux qu'il le pourra, et leur éviter de mourir de faim ou d'être abattus selon les consignes du gouvernement local.
Sans électricité, sans eau courante ni sanitaires, se
(18'02", Jp st Fr) - Télécharger la vidéo (123 Mo)
Mais Naoto Matsumura n'abandonne pas. Se disant plein de rage à l'encontre de TEPCO, qu'il juge pleinement responsable de ce désastre nucléaire qu'il se refuse à oublier, il est bien décidé à ne pas laisser les autorités supprimer les preuves de l'impact de la contamination radioactive, en faisant disparaître les animaux possiblement affectés et leur descendance.
Il construit des enclos, pose des clôtures, et chaque jour s'occupe de 400 vaches, 60 cochons, plus d'une centaine de chats et des dizaines de chiens, et nombres d'autres animaux.
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Durant ses patrouilles dans la zone, il découvrira dans les collines deux chiens pris dans des pièges à sanglier, à qui il sauvera la vie, au prix d'une patte rongée par la gangrène.
Durant l'été 2012, il trouvera un chien enfermé dans une étable, qui a survécu en se nourrissant des cadavres du bétail.
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Kiseki, peu après son sauvetage, puis ayant retrouvé du poil de la bête |

L'histoire de cet homme - "un excentrique, mais qui fait des choses admirables !" selon l'un de ses anciens voisins qui lui rend visite lors de permissions - commence à être connue. Son cas d'exposition aux radiations intéresse quelques chercheurs de la JAXA, L' Agence de l'Exploration Aerospatiale du Japon, qui demandent à faire des tests sur sa personne.
C'est à la prestigieuse - et très politiquement correcte - Université de Tokyo que Mr. Matsumura subira un scanner "corps complet" de 18 minutes, sous la houlette du "bon docteur" Yamashita. Vous savez, celui qui dit que la radioactivité est sans effet sur ceux qui sourient ...
On lui annonce alors qu'il est "champion" des taux d'exposition, l'homme le plus radioactif du Japon. Mais qu'il ne sera pas malade avant 30 ou 40 ans ... Arrive ce qui arrivera déclare-t-il. Je pensais arriver à 80 ans, mais finalement je m'arrêterai peut-être avant ...
Grâce à de nombreux soutiens, Mr Matsumura n'a plus maintenant à se soucier de trouver une nourriture saine et contrôlée, pour ne pas aggraver sa contamination interne. Les dons de particuliers et l'aide de plusieurs ONG lui sont précieux sur le terrain, et lui ont permis en Mai 2012 de fonder sa propre organisation, "Ganbaru Fukushima". Il peut ainsi poursuivre son action légalement, au contraire d'autres sauveteurs bénévoles, en bute aux autorités locales. (1) (2)
"Ganbaru" pourrait se traduire par rester ferme, persévérer, travailer dur. Autant de termes que personnifie Mr. Matsumura depuis l'évacuation de sa ville Tomioka voilà 2 ans, alors que lui seul est resté pour aider ceux qui ne pouvaient protester ou demander de l'aide, les animaux !

Dans sa maison de la zone interdite, il dîne encore à la chandelle, utilise un panneau solaire et un générateur de secours pour alimenter son ordinateur et son téléphone cellulaire. Au prix de mettre ses jours en danger et de devenir un hibakusha, un paria que même sa famille ne veut plus approcher, il a librement choisi sa voie pour les années qui lui restent à vivre.
Une belle leçon de courage, d'humilité et d'humanité. Merci Monsieur Matsumura.
Thank you, Matsumura-san.
L'ONG "Ganbaru Fukushima" de Mr. Matsumura possède un site en Japonais, avec quelques traductions en Anglais. On peut aussi y trouver une adresse mail de contact et faire des dons via PayPal, pour ceux qui voudraient participer. (Pour la France, les frais de transaction sont d'environ 4,25%). Voici une traduction automatique de la page d'accueil via Google.
Voici également une page Facebook (En) qui lui est dédiée, et qui mentionne aussi d'autres initiatives de bénévoles qui viennent en aide aux animaux affectés par la catastrophe de Fukushima.
Sources (non classées)
Vidéo originale avec sous-titres en plusieurs langues de bonne qualité :
Radioactive Man, by Tomo Kosuga - Vice.com
Radioactive Man, by Tomo Kosuga (alt. v.) - Vice.com
NOUVELLE ÈRE – Naoto Matsumura, dernier habitant du no man’s land de Fukushima - LeMonde.fr
naotomatsumura - Weebly.com
Le récit du dernier homme de Fukushima - Mediapart
The Most Radioactive Man on Earth Has the Kindest Heart - Mother Jones
Lone man remains in off limits Fukushima town - Japan Daily Press
World's most radioactive man: Japanese farmer who refused to leave crippled Fukushima nuclear plant so he can take care of his animals - Dailymail.co.uk
Hero for the animals of Fukushima - Dogtime.com
Kiseki, the miracle dog - Fukshima-is-still-news