lundi 9 février 2015

Sécurité nucléaire : dans les faits, des défaillances critiques

(9'52'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (68 Mo)

Transcription  en français / en anglais

Arnie Gundersen aborde dans cette première vidéo les systèmes de confinement équipant les centrales nucléaires comme celle de Fukushima Daiichi, destinés à empêcher toute fuite de matières radioactives vers l'extérieur en cas d'accident. Voilà 50 ans de cela, ces systèmes ont été jugés suffisamment robustes par la commission de régulation du nucléaire américaine, sur la base de considérations financières, afin de ne pas mettre en péril l'industrie du nucléaire civil naissante. (Voyez à ce propos cette vidéo)

Il est question ici de 6 niveaux de protection différents comparés à des dominos, depuis les pastilles de combustible nucléaire en passant par les gaines métalliques qui les entourent, la cuve du réacteur, son système de refroidissement du cœur, jusqu'à l'enceinte de confinement qui englobe le tout, rempart ultime avec l'extérieur, le cinquième domino. Malheureusement, comme avec le jeu du même nom, la chute d'un domino entraîne celle des autres, et c'est précisément ce qui s'est produit à Fukushima Daiichi.


De plus, nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec la gravité et la durée des rejets radioactifs libérés dans un premier temps dans l'air, par les défaillances cumulées de ces remparts de sécurité, d'une importance pourtant critique pour la protection des vies humaines.

Des chercheurs de l'Agence japonaise de l'énergie atomique, la JAEA, auraient en effet découvert récemment que si après le séisme et le tsunami, tout le monde s'est focalisé sur les 4 ou 5 jours qui ont suivi, où TEPCO ne parvenait pas à empêcher la fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3, cette période ne représente en fait que 25% des émissions radioactives aériennes globales. Les 75% restants ont été libérés lors des jours suivants.


(5'52'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (41 Mo)

Transcription  en français / en anglais

Cette seconde vidéo compile deux extraits d'émissions de la chaîne NHK à propos de cette découverte, et présente une possible explication, à travers les résultats d'une expérience mandatée par la chaîne : l'eau de refroidissement injectée en urgence dans les premiers temps par des véhicules d'incendie, au lieu d'empêcher la fusion des réacteurs et la libération de quantités significatives de matières radioactives, semble en fait les avoir favorisées et entretenues !

Quant au sixième et dernier domino, il représente les plans et procédures d'évacuation permettant de protéger les populations lorsqu'on ne peut plus empêcher la pollution radioactive de se répandre à l'extérieur, édictées par l'industrie nucléaire et le gouvernement. Dramatiquement, elles se sont également avérés inefficaces, mettant en danger à plus ou moins long terme la vie de milliers et certainement de millions de personnes.


À ce propos, voici une vidéo de Cécile Asanuma-Brice, chercheur associée au laboratoire du CLERSE à l'université de Lille et au centre de recherche de la Maison Franco-Japonaise de Tokyo où elle vit depuis 15 ans. Elle est spécialisée dans le domaine de la sociologie urbaine, et s'est intéressée à l'étude des politiques de relogement et de déplacements de populations suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Elle nous explique ici comment ces populations ont été mises en péril au lieu d'être protégés.


(28'24'' Fr) - Télécharger la vidéo (160 Mo)


Voici également un article de sa main sur le même thème, qui a été publié dans la revue Diplomatie de septembre 2014 : "De la gestion des flux migratoires par un État nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire"




Vous pouvez également suivre ce lien vers un autre article similaire de Mme Asanuma-Brice, mais qui a l'avantage d'être proposé en version japonaise, française et anglaise. (Faites défiler la page pour accéder au français puis à l'anglais) : Au-delà du réel –ou- Quand le concept participe de la création d’un espace idéal illusoire : de la gestion des flux migratoires par un Etat nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire 


Et pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur les conséquences sanitaires des accidents nucléaires, en particulier pour les enfants, je les invite à consulter cet article où Michel Philips, pédiatre, nous présente la synthèse qu'il a rédigée, avec de nombreuses références en français : Effets des accidents nucléaires sur les enfants. Synthèse.
 
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Et en France, qu'en est-il ?

Selon André-Claude Lacoste, ancien président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, "personne ne peut garantir qu’il n’y aura jamais d'accident nucléaire en France". Quant à Bernard Laponche, polytechnicien et physicien nucléaire, il est formel : "Il y a une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe." Voyez cet intéressant article où il s'en explique. (Les méthodes de calcul employées ont toutefois été critiquées par certains scientifiques)

Le 21 janvier dernier, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a publié sur son site Internet une courte note. On y apprend qu’aucun réacteur nucléaire en France ne possède une cuve assez robuste pour résister à la fusion rapide du combustible, et que cette faiblesse structurelle pourrait entraîner des rejets radioactifs massifs dans l’environnement. Rassurant n'est-ce pas, au pays de l'infaillibilité et de l'excellence nucléaire... Voici le document de l'IRSN :





Pour en savoir plus, consultez cet article du Journal de l’Énergie.
Et pour les plans d'évacuation en cas d'accident nucléaire ? Pas mieux...
Voici un article publié par le Journal La Montagne, le 04 février dernier :




Nos voisins Belges seraient-ils mieux lotis ?

On peut en douter. Dernièrement, ce sont plus de 16.000 microfissures qui ont été détectées dans les cuves de deux réacteurs Belges à Doel et Tihange, par rapport aux 10.000 initialement annoncées. Soit quand même une augmentation de plus de 37% ! Voyez cet article et celui-ci, et à propos de la fragilité des cuves de réacteurs, cette vidéo de Gundersen.

Et pour les évacuations, les Belges sont-ils mieux protégés en cas de pépin ? Pour en avoir une idée, vous pouvez consulter ce rapport de l'ACRO, réalisé pour Greenpeace Belgique :




Autre rapport de l'ACRO sur les enseignements de Fukushima, en matière de plans d'urgences et d'évacuations, pour Greenpeace International :




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Pour finir, j'aimerais vous amener à réfléchir sur la question suivante : comment l'industrie du nucléaire et les décideurs politiques qui la soutiennent de par le monde osent-ils encore parler de l'énergie nucléaire comme d'une solution d'avenir, sûre et durable ? Ne nous prendraient-ils pas depuis des décennies pour de parfaits imbéciles, tout juste bons à les financer et à les élire ou réélire ?

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Sources :
Vidéo, article, transcription et documents originaux en anglais sur le site de Fairewinds : Nuclear Containment Risk
Vidéos NHK :
Fukushima News 12/21/14: Radiation Timeline Revelations
Jan. 30, 2015, New Findings on Fallout
Le Journal de l'Energie - Sûreté nucléaire : des failles clairement identifiées
Article de La Montagne : La france, pays du nucléaire, semble insuffisamment préparée à un accident
Vivre après Fukushima : Enfants; Conséquences des accidents nucléaires.
ACRO : Insuffisances des plans d'urgence belges
ACRO : Synthèses et rapports d'études
Peter Paul and Mary, Where Have All The Flowers Gone
Traductions, éditions et sous-titrages par mes soins.

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Fukushima - Que savaient-ils et quand ? - A. Gundersen 11.03.13 from Kna60 on Vimeo.