samedi 23 novembre 2013

FULL TYVEK JACKET - Aux travailleurs de Fukushima



(English version here)

Aux travailleurs de Fukushima.

Ceux des premiers instants, les plus terribles
de la catastrophe nucléaire.

Ceux qui chaque jour continuent de se battre contre la situation qui s'aggrave.
Ceux qui devront les remplacer
pendant de nombreuses années.

A leur famille et à leurs proches.

Voici un message de reconnaissance et de sympathie qui vient de France.

Si vous ne pouvez pas compter sur vos employeurs et dirigeants pour vous traiter correctement, vous n'êtes pas pour autant seuls, déconsidérés, face aux problèmes difficilement surmontables que vous devez affronter.

Même si c'est une faible consolation, à des milliers de kilomètres, des inconnus, des gens ordinaires comme vous, sont avec vous en pensée et vous remercient du fond du cœur pour votre courage et votre volonté.

Vous êtes des gens importants, qui méritez le respect, de par les responsabilités qui reposent sur vos épaules, et en raison de ce que vous accomplissez sans vraiment recevoir en retour reconnaissance ni gratifications.

On ne peut pas en vouloir à l'ouvrier qui a débranché le mauvais tuyau, appuyé sur le mauvais bouton ou fait déborder un réservoir, à cause d'un manque de formation, d'instructions précises, ou de moyens de contrôle.

On ne peut pas en vouloir au travailleur qui perd le moral, car il est aux prises avec des conditions de travail difficiles et périlleuses.

Des gens comme nous, qui sont de votre côté, qui comptent sur vous, qui vous offrent leur confiance et leur soutien moral, qui ne vous oublient pas, il y en a des milliers, et même sûrement des millions à travers le monde.

Nous ne vous connaissons pas, mais nous sommes des êtres humains comme vous, des citoyens de la Terre. Nous connaissons la difficulté de votre situation, et si nous ne pouvons pas faire grand-chose pour vous, nous tenons à vous dire merci pour ce que vous faites, merci pour les risques que vous prenez pour nous tous. Nous sommes avec vous.

Merci aux "Fukushima 50" et à toutes les personnes courageuses, qui depuis le premier jour de la catastrophe n'ont pas hésité à mettre leur vie en danger pour éviter qu'une situation encore plus grave ne se produise.

Merci à toutes les personnes dont on ne parlera jamais, qui chaque jour à leur niveau, participent à la tâche colossale de juguler le péril radioactif à la centrale nucléaire de Fukushima.

Notre soutien moral et nos pensées vont vers vous et vos familles, et vers les proches des victimes qui ont laissé leur santé ou leur vie dans ce combat.


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Voici ce même texte au format PDF, traduit en plusieurs langues. Mon but premier est que le message en japonais parvienne à des travailleurs de Fukushima. Diffusez ce texte, transmettez-le, pour qu'il ait une chance de parvenir à ses destinataires. (SVP partagez les liens ci-dessous, pas les fichiers eux-mêmes ou leurs liens directs, pour que je puisse garder une visibilité sur leur fréquentation.)


Japonais
福島原発で働く皆さんへ 
Allemand
An die Arbeiter im Atomkraftwerk Fukushima
Anglais
To the workers of Fukushima 
Espagnol 
A los trabajadores de Fukushima 
Espéranto
Al la laboristoj de Fukushima
Français 
Aux travailleurs de Fukushima
Italien 
Ai lavoratori di Fukushima 
Néerlandais
Aan de werknemers van Fukushima
Portugais
Aos trabalhadores de Fukushima
Russe
Работникам на Фукусиме
Autre
À vous de jouer ...


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Le titre de cet article, "Full tyvek jacket", rappelle probablement quelque chose à nombre d'entre vous. Ce n'est pas innocent.

Le tyvek est un matériau fabriqué à partir de fibres de polyéthylène non tissées, une découverte fortuite de la société DuPont, dans les années 50. C'est le constituant des tenues de protection blanches ou parfois bleues, censées être portées par tous les travailleurs qui interviennent sur le site de Fukushima Daiichi et sur les chantiers de décontamination dans les zones interdites. Ce type de combinaison est très utilisé dans de nombreuses activités industrielles ou artisanales, comme vêtement jetable de protection contre les souillures.

Pour ce qui nous occupe, elles protègent donc
principalement les travailleurs contre la contamination par les poussières radioactives. Mais absolument pas contre les rayonnements pénétrants, les rayons gamma ou les faisceaux de neutrons. Pour cela, il faut avoir recours au plomb ou aux composites à base de tungstène, utilisés par exemple à Tchernobyl ou à Fukushima, par quelques intervenants très exposés pendant les travaux sur le bâtiment réacteur 3.
Elles ne protègent pas non plus des risques causés par un ajustement défectueux de tous les éléments de protection de la tenue, dû à des consignes inexistantes ou insuffisantes, ou des pièces d'équipement inadaptées. On se souviendra par exemple des travailleurs irradiés en mars 2011 dans le bâtiment réacteur inondé de l'unité 3, l'eau fortement contaminée dans laquelle ils pataugeaient s'étant infiltrée entre leurs bottes trop basses et la tenue mal ajustée. Par contre, on remarquera que "pour les photos", où leurs collègues les dissimulent derrière une bâche lors de leur évacuation pour recevoir des soins, tout le monde semble bien étanche, et scotché de partout. Ou presque ...

Voici donc la seule armure contre les radiations dont dispose l'énorme majorité des travailleurs de Fukushima : une salopette en polyéthylène. Full tyvek jacket ...


Russia Today a récemment publié un court reportage sur la condition des travailleurs en charge des travaux de réhabilitation post-Fukushima. Le voici sous-titré en français. On y retrouve Tomohiko Suzuki, le courageux journaliste d'investigation qui a travaillé clandestinement à la centrale de Fukushima pendant un mois et demi durant l'été 2011, et a publié un livre intitulé "Les yakuzas et l'industrie nucléaire".


(3'30'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (24 Mo)


Bien qu'un peu longue, je vous conseille de regarder cette conférence de décembre 2011, traduite en français, au cours de laquelle Mr. Suzuki relate son expérience à la centrale de Fukushima, avec certaines photos et séquences vidéo prises sur place. Deux thèmes principaux sont abordés :
  • L'état de la centrale, malgré la déclaration officielle "d'arrêt à froid", les risques encourus par les travailleurs, et les manquements de TEPCO et du gouvernement Japonais.
  • L'implication depuis de nombreuses années des organisations maffieuses Yakuza dans l'industrie nucléaire Japonaise.


(1h42'03'' Jp + En st Fr) - Télécharger la vidéo (700 Mo)


Voici maintenant le témoignage de quelques ouvriers de Fukushima qui ont contacté les studios de la chaîne allemande ZDF à Tokyo en octobre 2011 : "Ceux que l'on nomme souvent des héros, ceux qui font le nettoyage, ont donné leur version de leurs sévères conditions de travail, sans avoir aucune idée des doses de radioactivité réelles là-bas. Même si la catastrophe nucléaire est sortie de la tête de la plupart des gens, pour ceux qui y travaillent, elle continue ..."


(8'16", De st Fr) - Télécharger la vidéo (57 Mo)


Voici une vidéo en français de BFMTV, publiée en mars 2013 : "On les appelle parfois les liquidateurs, ce sont les ouvriers de la centrale de Fukushima au Japon. Deux ans après la catastrophe nucléaire, ils sont toujours aussi nombreux à travailler sur le site, dans des conditions éprouvantes. Dans leur combinaison blanche, masque sur le visage, ils sont 3.600 à s'activer jour et nuit pour stabiliser la centrale accidentée."


(1'20", Fr) - Télécharger la vidéo (60 Mo)


Les mois, les années passent, peu de choses changent. Revenons à présent plus de 40 ans en arrière, avec le documentaire édifiant de N. Röhl, "Ginza nucléaire", où il donne la parole a plusieurs victimes, envoyées se faire irradier sans protections ni formation dans les zones les plus dangereuses, et aux parents d'un ouvrier de même pas 30 ans qui y a laissé sa peau. Je lui ai déjà consacré un article il y a un an. Si vous l'avez déjà lu, aller le relire, revoyez cette vidéo. C'est cela aussi le nucléaire, dans la belle nation du Japon, en marche vers un avenir radieux...


(25'36", En st Jp + Fr) - Télécharger la vidéo (60 Mo)


Voici maintenant le témoignage d'une lectrice, Satoko, qu'elle m'a communiqué en anglais après la publication originelle de cet article, et autorisé à traduire et reproduire ici. (Le texte original en anglais figure dans les liens en fin d'article)

"Mes parents qui vivent dans une petite ville face au Pacifique dans l'île d'Hokkaido, au Japon, ont eu une fois l'occasion d'accueillir chez eux une personne sans-abri, sans argent, qui était à la recherche d'un refuge pour la nuit. Le vieil homme avait l'habitude de travailler dans différentes centrales nucléaires au Japon et quand il atteignait sa dose limite annuelle d'exposition aux radiations, il quittait le site et commençait son périple à travers le pays. Il avait fini à Hokkaido à ce moment là, après avoir travaillé quelque part, et se retrouvait sans argent. Après une nuit, il est parti pour Aomori, à la pointe nord de l'île de Honshu, avec un peu d'argent que mon père lui avait donné pour le billet de train. Je suppose que de nombreux travailleurs ont vécu comme cet homme, travaillant dans divers sites de centrales électriques au Japon, depuis le début de l'histoire du nucléaire dans le pays. Ce ne sont pas des gens qui bénéficient de bonnes protections et de bons salaires, justifiés par la nature dangereuse de leur travail. C'est la face cachée de l'histoire nucléaire du Japon et je suis heureuse que vous ayez parlé d'eux dans votre blog ! Je viens juste de questionner ma mère, qui est maintenant avec nous, sur le vieil homme qu'ils ont hébergé. Apparemment, l'homme s'est rendu à l'église catholique locale pour trouver un abri, ce qui signifie qu'il savait très bien que les temples religieux et les églises étaient susceptibles de lui donner de l'argent ou un abri. Mais les gens dans l'église n'ont pas fait ainsi, et ont appelé mon père pour en discuter avec lui (mes parents sont catholiques). Mon père l'a ramené à la maison et a lui a offert un toit pour la nuit, de quoi souper et se désaltérer, ainsi qu'un bain. Ma mère dit qu'ils avaient déjà accueilli de nombreuses personnes (pour la plupart des auto-stoppeurs trouvés en chemin) pour que ce ne soit pas une surprise pour elle cette fois-là. Mon père est vraiment un type étrange .... L'homme a dit qu'il avait un appartement à Tokyo, mais ils n'y ont pas cru, pas plus que quand il a dit que son argent avait été volé. Il restait dans un endroit pour travailler, gagner de l'argent, puis se déplaçait en auto-stop dans tout le Japon. Je pense que beaucoup de travailleurs dans la construction sont embauchés temporairement par des sous-traitants, et parfois leurs employeurs leur fournissent de la nourriture et un abri pour ceux qui en ont besoin. (Bien sûr, cela coûte de l'argent, qui est déduit de leur salaire journalier.) L'homme que mes parents ont accueilli était probablement l'un de ces travailleurs.
Maintenant, j'ai vu quelques annonces pour le recrutement des travailleurs et il est question de salaires de l'ordre de 13,000 ¥ par jour, mais je ne pense pas que ça corresponde à la réalité. Les travailleurs doivent généralement payer les charges des sous-traitants, le lit et la nourriture, et même leur examen médical. (je l'ai lu dans l'article que j'ai posté sur la page FB). Finalement, la somme qu'ils reçoivent doit être beaucoup plus faible que ce qui est annoncé. Je me suis souvenu de l'histoire parce que c'est arrivé après le 11/03. C'était assez intéressant."



Il me semblerait injuste de ne pas mentionner aussi ceux qui bien souvent sont dès le début des catastrophes majeures en première ligne, les pompiers, et les militaires. Certes, ils ont plus probablement choisi leur métier, sans être ramassés dans quelques bas-fonds par les yakuzas. Mais que ce soit en Ukraine ou au Japon, combien d'entre eux ont payé de leur vie leur volonté de mener un combat auquel ils n'étaient pas préparés, et les secours portés à autrui ? On ne le saura jamais, ça n'est dans l'intérêt d'aucun gouvernement ou autorité de comptabiliser et divulguer exactement ce genre de choses, dès qu'il est question de nucléaire.

Voici toutefois un témoignage à propos de la mort d'un membre de l'unité spéciale de sauvetage des pompiers, qui n'a pas été confirmée officiellement ni rapportée dans les principaux médias. On y retrouve Taro Yamamoto, qui n'était pas encore versé en politique. Depuis, on essaye aussi de lui faire payer le prix fort pour les vérités qu'il essaye de mettre en lumière...


(4'33", Jp st Fr) - Télécharger la vidéo (60 Mo)


Voici également un documentaire de la chaîne Américaine PBS, malheureusement en anglais, qui rend hommage à ces hommes courageux, "Inside Fukushima's meltdowns".
La transcription anglaise est disponible en suivant ce lien.


(53'08'' En) - Télécharger la vidéo (751 Mo)


Il me semble difficile de clore cet article, pourtant dédié aux travailleurs de Fukushima, sans parler de la France. Peut-on penser qu'en France, la situation des travailleurs du nucléaire est meilleure ? Chez-nous, ça n'est pas la pègre qui fournit le tout-venant des intermittents du nucléaire. Et chez nous, pas encore de Fukushima, pour le moment. Mais il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, qui mériterait un dossier à lui seul.

Voici juste "Les forçats du nucléaire", un montage réalisé en août 2011, sur la base des photos de Vincent Capman. Lui aussi a travaillé avec les hommes qu'il a photographiés, dans les centrales de Cattenom et de Paluel, en 2008 et 2009. Il a partagé leur vie, leurs journées de travail, leurs périodes de repos.


(3'43", Fr) - Télécharger la vidéo (25 Mo)

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Une dernière question :


avez-vous envie

que pour vos enfants aussi,

ce soit "full tyvek jacket" ?







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Pour en revenir au message adressé aux travailleurs de Fukushima, je serais très heureux que d'autres personnes ou d'autres groupes reprennent cette idée, et expriment aussi leur soutien à ceux qui luttent sur le champ de bataille de Fukushima, pour nous tous.

Diffusez ce message sur votre site ou blog, contactez-nous pour le traduire dans d'autres langues et pour figurer dans la liste des participants.

Rédigez votre propre message de réconfort si vous préférez, et diffusez-le également.
Vous pouvez également écrire un courrier traditionnel, voici l'adresse postale de la "base-arrière" des travailleurs au  J-Village. Elle comporte en japonais la mention " A l'attention des travailleurs de Fukushima". Le plus simple sera probablement de l'imprimer directement ou de la coller sur l'enveloppe.
Pensez que la majorité des destinataires ne lisent que le japonais. Mais il y a des dessins, des symboles, qui n'ont pas besoin de mots pour êtres compris. Voyez à la fin quelques liens qui pourront peut-être vous inspirer.

〒979-0513福島県双葉郡楢葉町大字山田岡字美シ森8Jヴィレッジ内
福島復興公社
福島第一原発の作業員の皆様へ

Fukushima Revitalization Headquarters at J-Village
8, Utsukushi-mori, Yamada-oka aza
Naraha-machi oaza, Futaba-gun
979-0513, Fukushima
Japan

Le tarif d'affranchissement est de 0,95€ pour une lettre de 20 g et 1,75€ pour 50 g. Il existe aussi des enveloppes pré-affranchies pour l'Asie, un peu plus chères mais bénéficiant semble-t-il d'un meilleur traitement. Renseignez-vous auprès de votre bureau de poste.


Si nous sommes assez à relayer et démultiplier ce mouvement de soutien fraternel, si assez de médias s'en font l'écho, alors peut-être que cela incitera le Japon à faire un geste en faveur de ces hommes courageux. On peut toujours rêver...


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Remerciements et sources :

Un grand merci à toutes celles et ceux sans qui je n'aurais pas pu, enfin, donner forme à ce projet. Merci bien sûr aux participants, qui contribuent à diffuser ce message, et qui m'ont été d'une aide indispensable entre autres pour les traductions. 

Merci à Cathy, Janick, Pectine, Odile, SB, Akio, Georges, Laurent, Pierre, Pierre R. Dandoy, Paolo, l'équipe du site Afaz. J'espère n'oublier personne, si c'est le cas, faites-moi signe.
Merci tout spécialement à celles et ceux qui ont préféré rester des "contributeurs anonymes de valeur" pour leur participation décisive, ils se reconnaîtront.

Special thanks
to those who preferred to remain "anonymous valuable contributors" for their decisive participation, they will recognize themselves.


Special Report: Japan's homeless recruited for murky Fukushima clean-up
Appreciate Fukushima Workers
, l'initiative d'un ancien travailleur de Fukushima pour venir en aide aux ouvriers (Jp)
 
Former TEPCO employee seeks donations for downtrodden Fukushima workers
Réservoirs de Fukushima : fuyards et construits par des travailleurs illégaux (Reuters UK traduction Google)
Press Release (Nov 29,2013) Exposure Dose Evaluation of the Workers at Fukushima Daiichi
Nuclear-News, TEPCO-Workers deaths are not reported 報道されない原発作業員の死亡について
Riva Press, photographies de Vincent Capman

The Guardian, Life as a Fukushima clean-up worker – radiation, exhaustion, public criticism
PBS, For Fukushima Workers, Cancer Isn’t the Only Health Threat
The Telegraph, How the Yakuza went nuclear
Kibo-promesse, Yakuza et nucléaire au japon

Russia Today, Atomic Mafia? Yakuza cleans up Fukushima, neglects basic workers' rights
CCTV English, workers say decontamination work ineffective
Reuters Insider, Help Wanted: Must be willing to work at nuclear ground zero
Japanfocus, Nuclear workers down and out at Fukushima
Enenews, ‘Nuclear Slaves’ at Fukushima
Enenews, Multiples cancers for ex-Fukushima worker

Reuters, Help wanted in Fukushima: low pay, high risks and gansters
Témoignage original de Satoko en anglais
原発作業員の労働状況は以下の記事をご参考に
Enformable, Chairman of Japanese nuclear regulator blames declining worker morale for Fukushima leaks and problems
Nobody, pointing a finger at Fukushima 1 webcam

The Independent, 'I am one of the Fukushima fifty'
BBC, Why Japan's 'Fukushima 50' remain unknown
The Guardian, Fukushima 50: 'We felt like kamikaze pilots ready to sacrifice everything'
Wikipedia, Fukushima 50 (En)
Wikipédia, Les cinquante de Fukushima
Agoravox, Fukushima : Les travailleurs se cachent pour mourir

Courrier International, Les ouvriers de Fukushima "invités" à truquer leurs dosimètres
Europe 1, Le "héros" de Fukushima est mort
Gen4, L'incroyable histoire des "50 de Fukushima" 

Kibo Promesse, les enfants japonais parlent de Fukushima
Culturebox, Fukushima à travers 400 dessins d'enfants japonais 


Hymn to The Fukushima 50 - a Tribute by Julius Dobos


(5'10'' En) - Télécharger la vidéo (81 Mo)


----------------------------------------------------- Participants ------------------------------------------------------------

Franck
Georges
Odile
Pectine
Pierre
4 from AFAZ
Paolo
Citizenperth
Legion Network CH
Philippe Hillion
     
〃              〃




dimanche 13 octobre 2013

Visite de Fukushima Daiichi - A. Gundersen 03.10.2013

Recevant de nombreuses questions sur la situation à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, Arnie Gundersen, ingénieur en chef de Fairewinds, nous propose une visite du site en vidéo, combinant images satellite, animations 3D et photographies.

Nous aurons ainsi une vision du site depuis la construction de la première unité, Daiichi 1, jusqu'aux 2 bâtiments les plus récents des unités 5 et 6. Nous verrons que dès la conception de la première unité en 1965, qui servira de modèle à ses trois voisines construites par la suite, les décisions maîtresses prises par les ingénieurs des sociétés General Electric et EBASCO, basées en premier lieu sur des considérations financières de réduction des coûts, scelleront dans le béton le sort du site et de la nation Japonaise entière, plus de 45 ans plus tard.


(21'34'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (150 Mo)

La visite commencera par le parc des citernes de stockage de l'eau contaminée, qui ne cesse de s'étendre. Là encore, des critères de prix de revient, commodément justifiés par des impératifs de délais de fabrication, grèvent lourdement la fiabilité des solutions retenues, et causent les problèmes de fuites de certains de ces réservoirs, détectées ces dernières semaines et mois.

Transcription en anglais / en français

(Aux dernières nouvelles, près de 150 réservoirs du modèle incriminé, prévu pour durer 5 ans, ne tiendront probablement pas leurs promesses avant de se mettre eux aussi à relâcher leur contenu fortement radioactif dans l'environnement.)
Nous irons ensuite faire le tour de chaque unité et bâtiment réacteur, en abordant les problèmes posés par les avaries qu'ils ont subies, les carences qui les ont causées et l'état plus ou moins précaire et instable dans lequel ils se trouvent. Les bâtiments turbines et la zone côtière où se trouvaient les pompes de refroidissement anéanties par le tsunami seront également abordées.
Il sera ensuite question des projets de TEPCO quant au "mur de glace", destiné à isoler les sous-sols des bâtiments du reste du site. Malheureusement, n'ayant jamais été expérimenté à aussi grande échelle, sont efficacité n'est absolument pas garantie. Gundersen reviendra également sur son projet de tranchée remplie de zéolite au-dessus des bâtiments, qui aurait permis de rejeter les eaux souterraines directement dans l'océan alors qu'elles n'étaient pas encore contaminées.
La visite se terminera par les plus jeunes unités du site, Daiichi 5 et 6, bâties plus haut et plus loin de l'océan, aveu silencieux des défauts de conception et de réalisation de leurs ainées.

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Pour complément d'information, voici une autre vidéo en deux parties de 13 minutes, que j'ai sous-titré voici 2 ans. Elle relate la construction de la centrale de Fukushima Daiichi, commencée en 1966.


(Partie 1, 13'26", Jp st Fr)


(Partie 2, 13'36", Jp st Fr) - Télécharger la vidéo complète (184 Mo)


Comme le dit Gundersen dans une autre de ses productions que j'espère aborder également,
"Construction et catastrophe, plus de 40 bonnes années séparent ces deux évènements. Et une seule très mauvaise journée."

Sources & crédits :
Transcription anglaise par Fairewinds, traduction par mes soins.
Traduction et sous-titrage de la vidéo par mes soins.
Fairewinds Energy Education : Tour of Fukushima Daiichi
Fukushima Diary : Nearly half of 350 contaminated water tanks can’t even last for 5 years
Science Film Museum
http://www.youtube.com/user/borrrden/videos

dimanche 6 octobre 2013

Vivre dans l'incertitude des faibles doses de radioactivité - David J. Brenner 11.03.2013

David Brenner est détenteur d'un doctorat de 3ème cycle et d'un doctorat en sciences. Il est directeur du centre de recherches radiologiques et du laboratoire de l'accélérateur de recherche au sein du centre médical de l'université de Columbia à New York, où il est titulaire de la chaire Eugene Higgins de biophysique des radiations, et professeur de radio-oncologie et de radiologie. Il est également l'auteur de nombreuses publications scientifiques, et de deux ouvrages de vulgarisation sur la radiothérapie et le radon dans l'environnement.



(29'52'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (208 Mo)

Dans cette vidéo réalisée à l'occasion du symposium de mars 2013 à New York, il nous parle des difficultés qu'il y a à étudier et déterminer les effets sur la santé des faibles doses de radioactivité. L'effet dominant ce sont les cancers radio-induits, en plus des effets tératogènes affectant le développement des embryons et des fœtus, des effets héréditaires pour les générations futures, et d'autres atteintes par exemple au niveau cardiaque.

Diaporama en anglais / en français
Transcription du discours en anglais (à venir) / en français

Le Dr Brenner nous explique que la principale source de connaissances dont nous disposons sur les effets des faibles doses de radiations provient de l'étude des survivants des bombes atomique d'Hiroshima et de Nagasaki, car il faut pouvoir disposer d'une population nombreuse, stable, et faisant l'objet d'un suivi pendant plusieurs décennies. Il en ressort qu'effectivement l'exposition à de faibles doses de radioactivité cause une augmentation significative du taux de cancers au niveau de l'ensemble de la population, mais qu'individuellement, les risques demeurent faibles.

S'il devient ensuite difficile voir impossible d'obtenir des chiffres pour des expositions à des doses de valeurs plus faibles, c'est que quelle que soit la population étudiée, elle comptera de toutes manières et en moyenne 40% de cas de cancers (!!). De trop faibles pourcentages de cancers radio-induits deviennent donc de ce fait indiscernables de cette masse par le biais d'études épidémiologiques. Il faut alors extrapoler ces chiffres recherchés à partir des chiffres connus selon diverses théories, dont celle jugée raisonnable de relation linéaire sans seuil, qui énonce que le risque de cancer radio-induit décroit linéairement et proportionnellement à la dose de rayonnement reçue, et qu'il n'y a pas de niveau de dose sous lequel le risque deviendrait nul.

Appliquée à une population d'un million d'habitants de Fukushima, cette théorie donne comme approximation du risque de mortalité par cancer radio-induit un chiffre d'environ 1 cas sur 2.000 personnes. Au niveau individuel, ce chiffre est similaire aux risques dus à la criminalité au Japon. Au niveau d'une population d'un million de personnes, ce même risque de 1 sur 2.000 prédit 500 victimes par cancer radio-induit. Il convient donc de noter la différence entre les risques individuels très faibles, et les risques pour la population, catastrophiques, et dont il faut absolument se soucier.

Le Dr Brenner explique ensuite que selon lui, il est important de disposer de moyens d'analyse par de véritables tests à grande échelle via une simple goutte de sang pour fournir rapidement des chiffres d'expositions individuelles à de grandes quantités de personnes, et ainsi de rassurer la grande majorité des personnes exposées à des doses faibles ou très faibles, et restaurer la confiance des populations dans les chiffres qu'on leur annonce. Voci une courte illustration vidéo de cet automate qu'il a conçu avec son équipe.


(0'56'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (6 Mo)

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Voici maintenant une toute autre manière de rassurer les populations victimes d'un accident nucléaire.
Nombre d'entre vous ont certainement entendu parler du célèbre MIT, le Massachusetts Institute of Technology, situé près de Boston aux États Unis, et souvent considéré comme l'une des meilleures universités mondiales en sciences et en technologies. Logiquement, cet institut de recherche comporte donc un département de sciences et d'ingénierie nucléaires.

En avril 2012, le gouvernement Américain publie une étude du MIT se prétendant la première en son genre, tendant à prouver que les faibles doses de radioactivité sont tellement inoffensives qu'il serait tout bonnement inutile d'évacuer les populations exposées aux contaminations radioactives suite à un accident nucléaire !

Pour affirmer cela, cette étude se base sur des souris, exposées pendant 5 semaines à des niveaux de radioactivité constants égaux à 400 fois la valeur de la radioactivité naturelle, et qui n'auraient montré par la suite aucune altération génétique. Une des scientifique affirme même que l'on pourrait laisser les souris dans ces conditions indéfiniment sans que leur état de santé ne s'altère.

Donc, populations de Fukushima et de tous les autres lieux contaminés par la radioactivité due à l'homme, rassurez-vous, vous ne risquez rien, TOUT - VA - BIEN !
Surtout pour vos opérateurs d'installations nucléaires et vos gouvernants : plus de faillites à redouter, plus de milliards à débourser en indemnisations des victimes évacuées, plus de simulacres de couteuses opérations de décontamination à envisager, plus de recessions économiques et de désertions de larges part des territoires contaminés à craindre ! Les spectres inquiétants d'agitations populaires toujours possibles - sait-on jamais ? - et de la débâcle des cartels mafieux de la finance, des politiques, et des militaro-industriels pro-nucléaires s'éloignent, OUF !

Les cancers et autres pathologies radio-induites ? Puisqu'on vous dit qu'aucune preuve n'oblige à les reconnaitre officiellement ! Et puis, quelques pourcents de plus ou de moins, noyés dans la masse moyenne des 40% de cancers habituels observables dans toute population, quelle importance...


(17'58'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (127 Mo)

Cela vous semble être un scénario incroyable, issu d'un mauvais film-catastrophe ? Eh bien, regardez-donc cette vidéo de Ian Goddard, où il s'attache à démonter les rouages et les failles de cette étude et ses prétentions criminelles. Consultez les liens qu'il fournit (ci-dessous, en anglais malheureusement), vérifiez par vous-mêmes, et faites-vous votre propre opinion.
Transcription de la vidéo en anglais / en français (à venir)

MIT, A new look at prolonged radiation exposure
MIT awarded more than $2 million in NEUP grants, fellowships
MIT, the future of nuclear power
SimplyInfo, Flawed MIT Study Used To Dismiss Need For Nuclear Disaster Evacuations
NCBI, the MIT study
NCBI, Tanaka et al. study
Google search for Chernobyl-induced genetic damage
NCBI, Fucic et al 2008, meta-analysis of Chernobyl-induced genetic damage
William Wagener, Inside Fukushima Evacuation Zone 2 - A View the MEDIA does not give

Souces et crédits, symposium :
Vidéo originale et diaporama (archive webcast)
Vidéo par ERF2012 / Cinema Forum Fukushima / East River Films 
Traduction du diaporama par mes soins.
Transcription et traduction de la vidéo par mes soins, un grand merci à Odile Girard (http://fukushima-is-still-news.over-blog.com) pour sa relecture et ses corrections.
Édition et sous-titrage de la vidéo par mes soins.
Système RABIT : extrait d'une vidéo de Chritine Schiffner, traduction et sous-titrage par mes soins.
Vidéo originale de Ian Goddard : MIT No-Evacuations Study Debunked


—————————————————————————————————————————————————— Kna60 sur YouTube

—————————————————————————————————————————————————— Kna60 sur Dailymotion

—————————————————————————————————————————————————— Kna60 sur Vimeo

Fukushima - Que savaient-ils et quand ? - A. Gundersen 11.03.13 from Kna60 on Vimeo.