lundi 2 septembre 2013

Les impacts océanographiques de Fukushima - Ken Buesseler 11.03.13

Ken Buesseler est océanographe, maître de recherches en chimie marine et géochimie à l'Institut Océanographique de Woods Hole (WHOI), Massachusetts, et titulaire d'un doctorat en chimie marine obtenu via un programme joint du WHOI et du prestigieux MIT. Désireux d'intégrer le WHOI car c'est là que travaillent certains des pionniers étudiant les retombées radioactives des essais atomiques des années 60 dans les mers et océans, il y sera admis en 1986. Suite à l'accident de Tchernobyl cette même année, il restera à Woods Hole une fois son diplôme en poche, participant à des études immédiatement lancées sur les conséquences de certaines retombées de l'accident sur la Mer Noire. Il fera par la suite toute sa carrière à l'institut. 


(30'39'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (210 Mo)

Dans cette vidéo de son intervention lors du symposium de New York en mars 2013, il commence par nous présenter des données qui peuvent surprendre : les radionucléides d'origine naturelle présents à très faibles pourcentages dans les mers et océans, principalement le potassium 40 et l'uranium 238, représentent une quantité globale 150.000 fois plus importante que celle des matières radioactives crées par l'homme, tous chiffres confondus ! (accidents nucléaires, tests d'armes atomiques, rejets d'exploitation "normaux"). Il ne faut pas oublier que notre planète est majoritairement composée d'océans,  d'où ces chiffres plutôt impressionnants...

Diaporama en anglais / en français
Transcription du discours en anglais / en allemand / en français - texte seul

Il nous décrit ensuite l'expédition qu'il a organisée suite à l'accident de Fukushima, pour aller relever et confirmer les niveaux de contamination de l'océan, aussi près que possible de la centrale. Étudiant également les données fournies par TEPCO, l'opérateur de la centrale détruite, ils trouveront des chiffres alarmants pour les premiers jours des rejets dans l'océan : plus de 50 millions de becquerels par mètre-cube. C'est 500.000 fois plus que les plus fortes contaminations océaniques causées par l'accident de Tchernobyl. Ces chiffres ont très rapidement décru, pour repasser après environ 6 mois sous la barre des 8.000 becquerels/m3, limite tolérée pour l'eau potable aux États Unis... Par contre, depuis, le niveau de contamination de l'océan près du Japon ne baisse que très lentement, beaucoup moins vite que prévu.

Cela indique clairement que depuis le début de l'accident, une ou plusieurs sources de contamination de l'océan persistent. C'est pourquoi la pêche reste interdite dans 5 préfectures, car les poissons, bien qu'ils éliminent la moitié du césium qu'ils absorbent en 50 jours en moyenne, y dépassent encore la limite légale des 100 Bq/kg de césium, principalement les poissons de fond et les poissons d'eau douce. En janvier 2013, pas de changements spectaculaires. On apprend également que le césium et autres matières radioactives ont mis environ 1 an pour atteindre les 180° de longitude, la moitié du chemin vers les États Unis. Mais revenons à la vidéo du Dr Buesseler, un détail me chagrine.

À partir de la seizième minute, il nous montre une animation simulant le transport du césium radioactif émis par Fukushima à travers le Pacifique, déterminé par un modèle informatique mis au point par des scientifiques Japonais de la JAMSTEC (Agence Japonaise des  Sciences Terre-Mer et de la Technologie, lien ci-dessous).

Comparons avec l'animation actuelle, proposée sur le site de la JAMSTEC.

Première surprise, même s'il s'agit du même modèle JCOPE2 et du même élément césium 137, à la même date d'arrêt que dans la vidéo soit le 30 avril 2011, la forme du nuage proposé est différente.

Disons qu'en quelques mois, le modèle a évolué, que ce n'est de toutes façons qu'une simulation, que ce n'est donc qu'un détail.

Seconde surprise, on voit ensuite dans la vidéo et dans le diaporama-support que les données de transport du césium ont été compilées jusqu'au 16 juin 2012. Mais pourquoi la simulation JAMSTEC au second plan est-elle pour sa part restée figée au 30 avril 2011 ?

Sur le site de la JAMSTEC, l'animation se déroule actuellement jusqu'au 14 juin 2012. L'animation complète était-elle indisponible au moment de la confection de ces planches ? Pourquoi alors ne pas l'expliquer en quelques mots ?
Ou le Dr Buesseler a-t-il délibérément choisi de ne pas montrer d'images trop "inquiétantes", comme la simulation de ce nuage de césium ayant déjà franchi la moitié de la distance le séparant de la Côte Ouest de son pays, représentée par le bord droit de ces images, dès août 2012 ?

Cette dernière image serait-elle jugée un peu trop "anxiogène" ? Ou susceptible d'être trop facilement mal interprétée, au niveau des risques réels possiblement induits ?


(2'44'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (31 Mo)

En tous cas, l'arrivée des radionucléides de Fukushima sur les côtes Américaines est annoncée par certains pour 2014, si ce n'est avant. D'autres pensent que ce sera plus tardif, comme par exemple des scientifiques Allemands et Américains, qui tablent dans cette animation sur un délai de 5 à 6 ans. Mais dans les 2 cas, bien que n'étant pas moi-même scientifique, il me semble qu'il y a plusieurs raisons de ne pas prendre ces estimations pour argent comptant : 

- Il s'agit de travaux effectués bien avant de connaître les estimations actuelles sur les valeurs et durées des rejets radioactifs maritimes de Fukushima.

- Il s'agit de déplacements à la surface de l'océan. Qu'en est-il des courants sous la surface, causant un brassage complexe et certainement non négligeabledes masses d'eau ?


- Les radionucléides sont souvent des éléments lourds, qui finissent par se déposer sur les fonds marins et s'y incorporer. Ils ne vont certainement pas rester à flotter en surface indéfiniment.


Tôt ou (trop) tard, nous aurons les réponses à ces interrogations ...
~ ☢ ~

Depuis cette intervention de Ken Buesseler au symposium, 5 mois se sont écoulés, et depuis quelques semaines, Fukushima a refait surface dans les médias :

  • Augmentation continuelle des taux de radioactivité dans les eaux souterraines au niveau de la centrale. Alors qu'on ne parle le plus souvent que du césium, de forts taux de strontium et de tritium sont également signalés. Problème : le strontium n'est pas éliminé facilement par l'organisme, mais à tendance à s'accumuler dans les os. Le tritium est quant à lui un isotope radioactif de l'hydrogène, qui peut prendre la place d'un atome d'hydrogène normal dans les molécules d'eau, qui devient ainsi radioactive ("eau super-lourde" ou tritiée). Résultat, il est pratiquement impossible de l'éliminer, on ne peut pas filtrer l'eau contenue dans l'eau !
    Le 29 août, TEPCO annonce qu'au niveau du réacteur 1, le taux de tritium dans l'eau souterraine a pratiquement doublé en deux semaines.
  • D'après les aveux de l'exploitant TEPCO, depuis le début de l'accident, c'est par centaines de mètres-cubes quotidiens que les eaux souterraines dévalent sous les bâtiments, y pénètrent par les soubassements transformés en passoires, se mélangent aux dizaines de tonnes d'eau injectées chaque jour pour refroidir ce qui reste des réacteurs, se contaminent très probablement au contact des coriums issus de la fusion des coeurs des réacteurs, et s'en échappent pour aller se déverser naturellement dans l'océan.Un ingénieur-expert, membre de la commission d'enquête indépendante du Parlement sur l'accident de Fukushima, estime qu'en novembre 2012, c'était près de 280 pétabecquerels de césium 137, soit 40% du contenu des réacteurs, qui s'étaient échappés dans les soubassements des bâtiments réacteurs 1, 2 et 3. Une quantité de 2,5 à plus de 3 fois les rejets de l'accident de Tchernobyl.
    D'après vous, que devient ce césium, soluble dans l'eau ?

  • Pour faire bonne mesure, on nous annonce que fuyant probablement depuis plus d'un mois, un réservoir parmi 350 autres d'un même modèle "économique" prévu pour tenir 5 ans, a laissé échapper 300 tonnes d'eau fortement radioactive, causant un nouvel accident classé officiellement d'abord au niveau 1, puis au niveau 3 de l'échelle INES.

    Ensuite, ce réservoir défectueux ainsi que 2 autres avaient précédemment été montés à un autre endroit, puisqu'ils sont constitués de plaques d'acier de 16mm boulonnées avec des joints caoutchouc. Mais en juillet 2011, alors que des ouvriers les avaient remplis d'eau pour un test d'étanchéité, le sol s'est affaisé d'une vingtaine de centimètres, et leur assise en béton s'est fissurée.

    Précisons qu'un de ces réservoirs plein représente 1.000 m3, donc 1.000 tonnes en négligeant le poids du réservoir lui-même. La surface au sol est d'environ 450m2 par réservoir, ce qui nous donne 2,2 tonnes/m2. (Tout ça repose sur une dalle en béton de 20cm d'épaisseur NON armé, coulée sur une couche d'un mètre d'épaisseur de sol "amendé", c'est à dire mélangé à du ciment...) Il est donc probable que ces réservoirs ont été déformés même de façon minime lors de cet incident, voir détériorés au montage-remontage à cause de ces mêmes déformations. Mais TEPCO ne va pas gaspiller ainsi 3 réservoirs, alors qu'il peut ordonner qu'on les réutilise !

    (Cliquer pour agarndir)
    Autre détail intéressant, tous ces réservoirs n'ont pas leur propre jauge de niveau, seul 1 sur 5 en est équipé, ceux marqué d'une ✰ sur le schéma. Ces réservoirs sont donc également raccordés entre eux par groupe de 5 à une canalisation principale. Or, il se trouve que le réservoir ayant perdu 300 m3 d'eau fortement radioactive, entouré d'un cercle rouge, n'est PAS équipé d'une jauge, qui se trouve installée sur un autre du groupe de 5.

    Mais attendez... Réservoirs connectés ensemble par groupe de 5, une seule jauge... Comment TEPCO fait-il pour déterminer qu'un réservoir sans indicateur de niveau
    , et uniquement ce réservoir-là, connecté à 4 autres identiques, a perdu 300 m3 d'eau ?! Manifestement, on ne peut pas raccorder la jauge à chacun des 5 réservoirs du groupe au choix, par une sorte de vanne de sélection, puisque TEPCO annonce qu'il va maintenant équiper tous les réservoirs d'un indicateur de niveau. D'autre part, bien que l'on puisse selon les photos disponibles isoler chaque réservoir de ses voisins par des vannes, si une fuite est détectée sur un réservoir sans jauge, cela n'indique-t-il pas que c'est au minimum tous les réservoirs du groupe situés entre la fuite et la jauge qui ont baissé de niveau, selon le principe des vases communicants ? Ici, pas de chance, le réservoir fuyard est à l'opposé de la jauge dans le groupe, ce seraient donc les 5 réservoirs qui seraient concernés, donc 300 m3 à la jauge x 5 = 1500 tonnes d'eau fortement radioactive ! Mais comme d'habitude, pas moyen de connaître le fin mot de l'histoire, faute d'informations suffisantes et fiables.
     
    Plusieurs médias  japonnais dont l'Asahi Shimbun, le Mainichi, la NHK, annoncent ce 1er septembre que d'autres fuites sur des réservoirs de ce type viennent d'être découvertes en quatre endroits, avec une radioactivité entre 70 et 220 mSv/h. On annonce également  une valeur maxi de 1.8 Sv/h, mais attention ! Il s'agit alors de "dose équivalente" de rayonnement bêta au niveau de la peau à une distance de 70 µm, soit pratiquement au contact. Certes, c'est environ 3,5 fois la dose maximale admissible, mais en terme de dose efficace couramment employée, ça ne représente que 18 mSv/h, comme l'explique Ultraman sur son blog.
    De nombreux médias (et moi au départ) sont tombés de le panneau, n'ont pas vérifié ce qu'avait effectivement annoncé TEPCO, et pour faire dans le sensationnel, on parlé d'un humain à proximité qui serait tué en 4 heures... C'est faux.
    Du coup, TEPCO se fend rapidement d'une mise au point. Cela semble leur être beaucoup plus facile quand ça les arrange, non ?
       
    Une autre couennerie  info sensationnelle : L'océan à Fukushima bout à cause des rejets radioactifs !! Oui oui, vous avez bien lu ☹ ... Un grand bravo à la BBC qui relaie sur son site web la terrible nouvelle publiée par La Voix de la Russie. Bien entendu, au moment de vérifier sur le site de la BBC quelques heures plus tard, l'article a disparu ! Par contre, l'article de La Voix de la Russie existe encore au moment ou j'écris ces lignes. S'il disparait également, cliquer sur ce lien pour une capture d'écran de l'article.

Avec l'espoir illusoire d'empêcher l'eau fortement contaminée de se déverser dans l'océan (ou acculé par la pression des événement à l'obligation de "faire quelque chose"), TEPCO a essayé plusieurs choses :

  • Construire une système de contournement, constitué de forages et de pompes au dessus de la centrale, destiné à détourner le flot des eaux souterraines avant qu'il n'atteigne les bâtiments, et soit stocker cette eau dans des réservoirs, soit la rejeter dans l'océan suivant son niveau de contamination. Cela semble n'avoir eu aucun effet.
  • Bâtir un mur étanche entre la mer et les réacteurs.
  • Solidifier le sol par injection de produits chimiques entre le réacteur 1 et la mer.
Voir à ce propos l'article de Pierre Fetet, "Urgence" à Fukushima Daiichi.

Résultat, nous apprenons ce dimanche 1er septembre que dans un des forages de contrôle du niveau des eaux souterraines, l'eau affleure maintenant la surface du sol !

Réaction de TEPCO : "On n'utilisera plus ce puits de contrôle, mais un autre" !
Ça ne vous rappelle rien, quand certaines sondes de surveillance de température des réacteurs en ruine indiquaient des valeurs en hausse un peu trop dérangeantes, et étaient déclarées défectueuses ?

Il y a un peu plus d'un mois, avant ce flot de mauvaises nouvelles concernant les émissions de Fukushima Daiichi dans les nappes phréatiques et dans l'océan, Buesseler et d'autres scientifiques pensaient que sauf à proximité de Fukushima où la pêche et la vente des poissons locaux restent interdites (pour un temps... indéterminé), les produits de la mer "ne représentent pas de risques immédiats pour la santé humaine". (Hum, voilà une formule hélas connue, et qui sonne très désagréablement à l'oreille, n'est-ce pas ?) Il se disait également que les radionucléides de Fukushima devant parvenir jusqu'à la Côte Ouest des États Unis via le Pacifique seront présents en quantités infimes. Et que les grands poissons migrateurs comme le thon, auront eu le temps de se débarrasser de la plupart de la contamination qu'ils auraient pu absorber près des côtes japonaises.

Il y a un peu plus d'un mois ... Avant les élections au Japon, où le parti libéral-démocrate du Premier ministre Shinzo Abe a gagné le pouvoir dont il avait besoin. Le pouvoir, entre autres, de décréter si nécessaire une conscription pour alimenter Fukushima Daiicihi en main-d'oeuvre. Le pouvoir de modifier la constitution du Japon, pour lui redonner une vraie armée et non plus simplement une "force d'auto défense" concédée par les Américains après leur capitulation en 1945. Et de doter cette armée de l'arme nucléaire, pour se défendre des méchants chinois et de la Corée du Nord ...

Faut-il vraiment avoir l'esprit retors pour penser que c'est une bien grand coïncidence que les mauvaises nouvelles venant de Fukushima aient commencé à pleuvoir juste après ces élections victorieuses, et que des révélations plus précoces auraient bien pu mécontenter les électeurs potentiels ? C'eût été dommage, n'est-ce pas ?

Maintenant, sous les pressions internationales grandissantes, le gouvernement japonais promet qu'il va prendre les choses en main, et régler les problèmes. Après deux ans et demi, où ils ont laissé la bride sur le cou à TEPCO. On y croit.
Le METI (Ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie), les anciens acolytes de feu la NISA, l'ex autorité de régulation du nucléaire, commencent par se discréditer un peu plus en tapant sur le dos de travailleurs de Fukushima, "qui ne travaillent pas assez dur" !

Et on promet de considérer les offres d'assistance internationales, de mieux communiquer à propos de Fukushima. On y croit.
Le 14 août, la Corée du Sud adresse une demande officielle au gouvernement Japonais concernant la situation exacte à Fukushima Daiichi concernant les multiples fuites radioactives dans l'océan. Pas de réponse. Le samedi 24 août, nouvelle demande de la Corée pour obtenir les données demandées. Le mardi suivant, la Corée annonce avoir reçu comme réponse du Japon "Il est difficile de préparer rapidement les données techniques demandées." (*)

Pendant ce temps, le Premier ministre Abe fait la tournée du Moyen-Orient pour entre autres promouvoir les produits alimentaires et la technologie nucléaire du Japon, espérant booster ses exportations. Il ira même jusqu'à proposer de l'aide au Qatar et au Koweït en cas de problème nucléaire chez les nations voisines comme l'Iran ...

Pendant ce temps, le gouverneur de Tokyo, se sentant probablement bien à l'abri du Kuroshio censé contenir la radioactivité dans l'océan au nord, annonce que "La contamination de l'océan par Fukushima n'affecte pas la candidature de la ville de Tokyo pour accueillir les Jeux olympiques en 2020". Pour lui, le principal problème, ce sont les rumeurs néfastes ...

Pendant ce temps, Yoshihide Suga, Sécrétaire général du Cabinet, déplore que la Corée du Sud vienne de banir l'importation de produits de la mer venant de 8 préfectures de la côte Est du Japon (*), et insiste sur le fait que les fuites d'eau contaminées n'affectent que le port de la centrale de Fukushima.
Saviez-vous qu'en français, Suga peut se traduire par "Pellerin" ? Étonnant, non ?



Pendant ce temps, le même jour, pas de chance : Lors de leur conférence de presse du 6 septembre, le porte parole de TEPCO annonce que chaque jour, c'est environ 50% de l'eau du port de la centrale qui part dans l'océan Pacifique. Et donc avec elle, la contamination qui s'y trouve ...
Oh c’est ballot hein… C’est ballot !

Là où j'habite, on dirait "Fukushima, aquo ba pla !"
Traduisez par "Fukushima, tout va bien !"

N'est-ce pas exactement ce que semblait penser le 28 août dernier Mr Shunichi Tanaka, directeur de la NRA, l'Autorité de Régulation du Nucléaire japonaise ? (Lien vers l'article)

"Il y a un problème à venir encore plus important que les fuites de réservoirs actuelles : des quantités énormes d'eaux souterraines contaminées rejoignent l'océan. Mais ce problème ne peut même pas être classifié sur l'échelle de gravité INES car personne ne sait exactement combien d'eau souterraine s'échappe, à quel point elle est contaminée et quels sont ses effets sur l'océan et les produits de la mer. [...] Je suis choqué."

~ ☢ ~

Souces et crédits :
Vidéo originale et diaporama (archive webcast)
Vidéo par ERF2012 / Cinema Forum Fukushima / East River Films 
Traduction Française et édition du diaporama par mes soins
Version Française de la transcription vidéo d'après la traduction de MF Payraul, relecture P Fetet et moi-même

Version Anglaise et Allemande de la transcription vidéo par Afaz.at

Édition et sous-titrage de la vidéo en Français par mes soins. 
National Geographic  : Fukushima's Radioactive Water Leak: What You Should Know
JAMSTEC  : The Japan Coastal Ocean Predictability Experiment 2
Enenews  : Underground water just 4 inches from surface by Fukushima reactor
Enenews  : Estimated 276 quadrillion Bq of Cs-137 entered Fukushima basements 
Blog de Fukushima : "Urgence" à Fukushima Daiichi
Fukushima Diary : Tritium level in groundwater jumped up 1.8 times much in 2 weeks near reactor1
Fukushima-is-still-news : 1.800 mSv/h from tanks leaks at Fukushima plant 
Fukushima-is-still-news : Radioactive water should be diluted, released into ocean: experts
France inter : Fukushima : la dernière fuite classée en incident "grave" 
Fukushima-is-still-news : Tepco plans to equip radioactive water tanks with level gauges
Ex-SKF : Waste water leak spot with 1800mSv/h "equivalent dose" 
Fukushima-is-still-news : Not as bad as it seems, says TEPCO
Enenews : BBC website links to report claiming ocean is ‘boiling’ in front of Fukushima Daiichi (PHOTOS)
Fukushima Diary : Groundwater reached the ground surface → Tepco “We won’t use the boring anymore”
France 24 : La coalition du Premier ministre remporte les élections sénatoriales 
Enformable : Japanese government criticizes TEPCO’s poor management of leaks at Fukushima Daiichi
Enformable : Japan still has not responded to South Korea’s request for radiation data
SymplyInfo : How Fukushima leaks
Japan Today :  Japan's Abe to visit Middle East in nuclear push
Fukushima Diary : Tokyo governor “Fukushima sea contamination doesn’t affect Tokyo as a candidate city for Olympic games in 2020″
NHK World : Japan calls for decision based on science 
NHK World : S.Korea bans marine products from eastern Japan
Fukushima Diary :  50% of the seawater in Fukushima plant port goes to the Pacific everyday 
Enenews :  Lies? Top Japan officials and Tepco all now claim Fukushima contamination is staying inside port and not reaching Pacific
Enenews : Contamination levels skyrocket at Fukushima plant

jeudi 22 août 2013

Tchernobyl, Fukushima et autres lieux contaminés : conséquences biologiques - Dr T. Mousseau 11.03.13

Timothy Mousseau est titulaire entre autres d'une maîtrise en zoologie et d'un doctorat en sciences biologiques obtenu en 1988, après quoi il a complété une bourse post-doctorale de deux ans en biologie des populations. Depuis 1991, Il est professeur au département des sciences biologiques de l'université de Caroline du Sud. Auteur de plus de 140 publications scientifiques et de 2 livres, il  travaille depuis 1999 avec ses collègues, dont principalement le Dr Anders Møller, directeur de recherche pour le CNRS à l'université de Paris-Sud, sur les conséquences biologiques et évolutionnistes des contaminations radioactives des régions de Tchernobyl en Ukraine et maintenant Fukushima au Japon.


(36'36'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (254 Mo)

Dans cette vidéo de son intervention lors du Symposium de New York de Mars 2013, le Dr Mousseau nous parle des travaux entrepris avec ses collègues, des méthodes et moyens employés, d'abord à Tchernobyl, puis à Fukushima dès l'été 2011, ainsi que des buts poursuivis : déterminer les conséquences écologiques et au niveau de l'évolution des espèces de l'exposition aux contaminations radioactives de populations d'insectes, oiseaux et mammifères, à Tchernobyl et à Fukushima.

Diaporama en anglais / en français
Transcription du discours en anglais / en allemand + anglais / en français

Il nous fait également part des résultats de ses recherches, fruits de 1600 inventaires détaillés sur le terrain :
  • Augmentation significative des dommages génétiques, directement proportionnelle aux niveaux d'exposition aux contaminants radioactifs.
  • Taux accrus de malformations et anomalies du développement
  • Taux de fertilité réduits
  • Durées de vie réduites
  • Tailles des populations réduites
  • Biodiversité en régression, extinction locale de certaines espèces
  • Transmission des mutations au fil des générations, avec phénomène d'accumulation
  • Migration des mutations vers des populations non exposées par effets de proximité

Grâce à ce travail remarquable et courageux de pionniers, le Dr Mousseau et ses collègues nous démontrent que sur le terrain, on est bien loin de la légende prétendant que la zone interdite de Tchernobyl est devenue un Éden florissant, un refuge pour la vie sauvage, propagée par le Forum de Tchernobyl, les instances pronucléaires et certaines sources peu scrupuleuses.
De fait, il existe dans la zone de Tchernobyl des périmètres étonnement préservés de la contamination, présentant même une radioactivité de fond deux fois moindre que celle du célébrissime Central Park à New York ! Du fait de l'interdiction de chasse et de présence humaine, certaines espèces peuvent donc s'y multiplier. Mais ailleurs, Tchernobyl est globalement un désastre écologique. Voilà qui remet de nouveau en question la théorie controversée de l'hormésis, c'est à dire des effets non seulement inoffensifs, mais même bénéfiques, des faibles doses de radiations !

Pour Fukushima, les premières observations montrent un impact plus fort de la radioactivité qu'à Tchernobyl, sans que l'on puisse encore en déterminer la ou les raisons exactes. Manque de résistance des organismes non préparés à cette brutale hausse de radioactivité ? Sensibilité supérieure à ses effets ? Ou les créatures de Tchernobyl auraient-elles été capables de développer une certaine adaptation, une résistance aux radiations ? À moins que depuis plus de 25 ans, un phénomène de sélection naturelle n'y ait laissé survivre et se reproduire que les individus et espèces les plus résistants ? C'est sur ces questions que portent les études actuelles du Dr Mousseau et ses collaborateurs.

Comme nous le rappelle en conclusion le Dr Helen Caldicott, il ne faut que quelques années pour que l'être humain montre les mêmes altérations génétiques et anomalies de développement que celles observées ici, comme c'est déjà clairement visible dans certains cas en Russie ou en Suède, suite aux tragédies de Mayak et Tchernobyl ...

Au moment de la rédaction des ces lignes, deux ans et demi après la catastrophe nucléaire, les autorités japonaises viennent d'annoncer les chiffres suivants, pour les enfants de la préfecture de Fukushima :
  • 18 cas de cancers de la thyroïde avérés après chirurgie
  • 25 cas de tumeurs malignes suspectées, en attente d'intervention
  • Plus de 58% des enfants examinés présentent des nodules de la thyroïde jusqu'à 5 mm ou des kystes jusqu'à 20mm.

Selon une étude (télécharger le PDF) évidemment contestée de Toshihide Tsuda, professeur d’épidémiologie environnementale à l’Université d’Okayama, ces chiffres représentent une incidence annuelle plus de 31 fois supérieure à la "normale". Une progression beaucoup plus forte et rapide que ce qu'on a pu voir en Union soviétique à la suite de la catastrophe de Tchernobyl. Le Pr Tsuda reconnait toutefois que ses résultats ne doivent pas être pris au pied de la lettre, un "biais" ayant pu être introduit par les processus intensifs de dépistage qui ont eu lieu au Japon, permettant probablement de déceler des cas qui auraient sinon été ignorés, ou découverts beaucoup plus tard.
~ ☢ ~

Ressources complémentaires :

  • Tchernobyl, le vivant s'en souvient


  • (1h38'40'' Fr) - Télécharger la vidéo (1513 Mo)

    Voici une conférence d'octobre 2014 du Professeur Anders Pape Møller, Directeur de Recherche au Laboratoire Ecologie, Systématique et Evolution, Université Paris-Sud XI-AgroParisTech, CNRS.
    Presque 30 ans après la catastrophe de Tchernobyl, est-il possible de démontrer les effets nocifs des radiations sur les organismes vivants, y compris les humains ? Depuis 1991, il a en tant que membre d'une équipe de scientifiques étudié les effets à long terme des rayonnements ionisants sur les bactéries, les plantes et les animaux. Ces effets comprennent une augmentation des fréquences de mutations, des anomalies, des cataractes et des tumeurs, une baisse de la reproduction et de la survie, une réduction de l'abondance et de la diversité des plantes et des animaux, la perturbation des services écosystémiques tels que la prédation, la pollinisation ou la décomposition. Leurs dernières études à Fukushima montrent des effets similaires à ceux de Tchernobyl. Aussi, plutôt que les effets invisibles de la radioactivité, son intervention va s’attacher à montrer comment ils peuvent rendre visible l'invisible.

  • Tchernobyl, une histoire naturelle ?


  • (1h30'14'' Fr) - Télécharger la vidéo (987 Mo)

    Ce documentaire de Luc Riolon, diffusé par Arte en juin 2010 et août 2012, a suscité de nombreuses polémiques, du fait qu'il soutient la thèse d'une embellie de la vie sauvage dans la zone interdite de Tchernobyl et de l'effet hormésis. Voici son descriptif original :
    "Comment la nature reprend ses droits dans la zone interdite entourant la centrale nucléaire de Tchernobyl. Une passionnante enquête sur une énigme scientifique. Vingt-quatre ans après l'explosion du réacteur n° 4, le 26 avril 1986, la "zone interdite" instaurée dans un rayon d'une trentaine de kilomètres autour de la centrale nucléaire offre la vision idyllique et paradoxale d'une nature préservée des ravages de la civilisation. Ce territoire où les radionucléides se sont dispersés irrégulièrement, avec l'explosion et l'incendie qui a suivi, est aussi devenu un vaste laboratoire à ciel ouvert, où les scientifiques étudient sur le long terme, en situation réelle, les effets de la radioactivité de faible dose sur les organismes vivants. Pourquoi certains oiseaux meurent-ils prématurément, pourquoi la croissance des pins est-elle perturbée, alors que mulots ou peupliers semblent en pleine santé ? Les espèces ne sont apparemment pas égales devant ces radiations : les résultats des recherches sont contrastés, troublants, révélant la complexité du monde vivant."

  • "La radioactivité est un gros mot"
  • Court entretien avec le réalisateur Luc Riolon, par le magazine web "Les yeux rouges"
    (Télécharger le PDF)

  • Tchernobyl, une histoire pas si naturelle que ça
  • Je vous conseille vivement la lecture de cet article de Pierre Fetet sur le Blog de Fukushima, où il analyse et commente le documentaire en question, et mentionne également les réactions du Professeur Michel Fernex, du Professeur Jacques Foos, d'Yves Lenoir, Bella Belbeoch et Yohann Moreau. Voir également dans les commentaires de l'article la réaction de Luc Riolon lui-même.

  • Accumulation transgénérationnelle des dommages radiologiques chez les petits mammifères
  • Voici une étude de deux généticiennes de l'Académie Nationale des Sciences du Bélarus, Nadezhda I. Ryabokon et Rosa I. Goncharova, traduite en Français par François Gillard, merci à lui. Cette étude montre qu'à l'appui des observations du Dr Mousseau, les dommages génétiques dus à une exposition chronique à des contaminants radioactifs peuvent s'accumuler au fil des générations et se transmettre à des individus non soumis eux-mêmes à la radioactivité.

    Bien que ce ne soit pas spécialement abordé dans la vidéo du Dr Mousseau, son équipe et lui ont également étudié la condition de groupes d'enfants du Bélarus, car malheureusement, l'être humain fait aussi immanquablement les frais de l'exposition radioactive même à faible dose. Voici donc deux documents qui abordent ce point.

  • L’Instabilité génomique après Tchernobyl, pronostic pour les générations futures - Rosa Goncharova 2005
  • La catastrophe de Tchernobyl, conséquences sur la santé humaine - Greenpeace 2006

  • Et enfin, un article intéressant ou T. Mousseau et A. Møller nous présentent 10 questions gênantes à propos des accidents nucléaires, et leurs réponses (En + Fr) :

  • Questions gênantes suite aux accidents nucléaires de Fukushima et Tchernobyl

  • ~ ☢ ~

    Sources et crédits :
    Vidéo originale et diaporama (archive webcast)
    Vidéo par ERF2012 / Cinema Forum Fukushima / East River Films 
    Traduction Française du diaporama par mes soins
    Version Française de la transcription vidéo par mes soins d'après la traduction de R & F Gillard
    Version Anglaise et Allemande de la transcription vidéo par Afaz.at
    Édition et sous-titrage de la vidéo en Français par mes soins.
    Portail web du Dr Mousseau (En)
    Publications du Dr Mousseau (En)
    Présentation du Pr Møller (Fr -En)
    Vidéo Universcience "Tchernobyl : le vivant s'en souvient" (Fr)
    Documentaire "Tchernobyl, une histoire naturelle ?" en vente sur le site d'Arte
    Thyroid Cancer Detection by Ultrasound Among Residents Ages 18 Years and Younger in Fukushima, Japan: 2011 to 2014.


    samedi 13 juillet 2013

    Fukushima, des marins de l'US Navy contaminés 11.03.13

    Le 11 Mars 2011, alors que le Japon connaît le séisme et le tsunami du Tohoku avec leurs terribles conséquences, le porte-avions de la marine Américaine USS Ronald Reagan, de la flotte du Pacifique, se dirige vers une escale de routine en Corée du Sud. Il modifie immédiatement sa route pour porter assistance aux populations sinistrées, et arrive en vue des côtes du Japon le lendemain même de la catastrophe, dans le cadre de l'opération spéciale "Tomodachi" (tomodachi sakusen, opération amis). Les hélicoptère du bord font la navette avec la terre ferme, livrant de l'eau, de la nourriture et diverses forunitures. Le bâtiment restera près de la côte, souvent à moins de 2 km de la centrale nucléaire détruite de Fukushima Daiichi, pendant environ 2 mois. Les deux quartiers-maîtres Jaime Plym et Maurice Enis, alors en service à bord du navire, témoignent du déroulement de cette période à bord.


    Pendant les deux premières semaines, alors que les communications avec le monde extérieur sont coupées "par mesure de précaution", aucune mention n'est faite à l'équipage de la catastrophe nucléaire en cours à Fukushima ni d'un quelconque risque d'irradiation, de contamination radioactive. Tous ceux amenés à travailler à l'extérieur remplissent donc leur tâches comme d'habitude, sans précautions particulières. Par la suite, une rumeur de radioactivité ambiante commencera à circuler, on parlera d'une petite fuite radioactive dans une centrale nucléaire à terre. Des postes de contrôle des radiations seront mis en place à bord, simplement pour tranquilliser les esprits, puisqu'il n'y a officiellement aucun danger. C'est lors d'un de ces contrôles "pour la forme" que Maurice Enis déclenchera les alarmes, lors de l'examen de ses mains. La cause de sa contamination : les drapeaux et cordages en polyester qu'il utilise pour les manœuvrer à l'extérieur, et communiquer avec
    les autres navires. Après qu'on l'ait emmené à l'unité de décontamination "comme s'il avait la peste", où il subit sans plus d'explications un vigoureux décapage de l'épiderme de ses mains et de ses bras, on le renvoie vers sa couchette, "bon pour le service". Il ne pourra jamais savoir quelle dose de radioactivité il a reçue, et lorsqu'il insistera après avoir quitté l'armée pour récupérer son dossier médical, il apprendra que malheureusement, toutes les données concernant cette période ont été perdues...

    Avec sa collègue Jaime Plym et une centaine d'autres membres de l'équipage, victimes comme lui de symptômes lié à l'exposition aux radiations et divers problèmes de santé, ils décident d'intenter une action en justice contre TEPCO, l'exploitant de la centrale de Fukushima, faute de pouvoir se retourner contre l'armée qu'ils ont quitté depuis, son équipière et lui, à cause de la renonciation qu'ils n'ont eu d'autre choix que de signer.



    (29'49'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (203 Mo)

    Vidéo de la conférence de presse du 11 Mars 2013, réalisée à l'occasion du symposium "The Medical and Ecological Consequences of the Fukushima Nuclear Accident" (Conséquences médicales et environnementales de l'accident nucléaire de Fukushima) organisé par la fondation Helen Caldicott les 11 et 12 Mars 2013 à New York.

    Transcription de la conférence :
    en français / en anglais / en anglais + allemand

    Pour compléter cette vidéo :


    (4'48'' En) - Télécharger la vidéo (62 Mo)

    Détection de radioactivité à bord de l'USS Ronald Reagan. Cette vidéo (malheureusement en Anglais) tournée par un membre de l'équipage montre les opérations de contrôle de la radioactivité. Rires quelque peu nerveux de circonstance...
    Voici la traduction du texte accompagnant la vidéo : "Durant notre déploiement en 2011 à bord de l'USS Ronald Reagan, nous nous sommes retrouvés dans un nuage radioactif après nous être dirigés vers le Japon pour aider après le tremblement de terre et le tsunami. Voilà par où nous devions passer chaque fois que nous< revenions du pont d'envol. C'était la seule entrée depuis le pont d'envol.


    (6'21'' En) - Télécharger la vidéo (81 Mo)

    Cette vidéo de CNN (en anglais) explique que malgré le blabla rassurant à débiter devant les caméras et dans les déclarations officielles, de nombreux membres d'équipage du Ronald Reagan ayant participé à l'opération Tomodachi souffrent à présent de graves problèmes de santé. On a vu que le personnel de base n'a pas reçu de comprimés d'iode pour protéger leur thyroïde de l'iode radioactif alors qu'ils se trouvaient dans le nuage radioactif, et que les personnels affectés au nettoyage des appareils (sans masques ni respirateurs) sont souvent les plus exposés à la contamination radioactive...


    (2'53'' En) - Télécharger la vidéo (20 Mo)

    Interview de Jaime Plym et Maurice Enis sur CBS le 10 Mars 2013 (en Anglais)

    Sources et crédits :
    Vidéo originale (archive webcast)
    Vidéo par ERF2012 / Cinema Forum Fukushima / East River Films 
    Transcription en Anglais et Allemand de la vidéo par Afaz.at
    Traduction française par MEH, relecture, édition et sous-titrage de la vidéo par mes soins.

    samedi 8 juin 2013

    Ce qui est devenu clair avec l'enquête de la Diète sur Fukushima, H. Sakiyama 11.03.13

    Hisako Sakiyama est docteur en médecine (M.D.), titulaire d'un doctorat universitaire de 3ème cycle (Ph.D.), et membre de la Takagi School for Alternative Scientists, où elle est spécialiste de l'exposition aux radiations. La Takagi School est une ONG Japonaise créée en 1998 pour étudier l'environnement, les questions nucléaires, les droits de l'homme et autres problèmes de la société moderne du point de vue des citoyens, et créer des moyens pour que les scientifiques et les chercheurs puissent associer leur expertise spécifique et leur savoir-faire aux mouvements citoyens.

    Mme Sakiyama a été associée de recherche au Massachusetts Institute of Technology (MIT), et directrice de recherche à l'Institut National des Sciences Radiologiques du Japon (NIRS), spécialisée dans la biologie de la cellule cancéreuse. Elle a également été l'un des 10 membres de le Commission d'Enquête Indépendante sur l'Accident de Fukushima (NAIIC), constituée par la Diète Nationale (parlement) du Japon, et dont le rapport a clairement établi que la catastrophe de Fukushima était d'origine humaine.



    (25'35'' En st Fr) - Télécharger la vidéo (180 Mo)

    Dans cette vidéo de son intervention lors du Symposium de New York de Mars 2013, où elle mentionne les découvertes de la commission d'enquête indépendante sur l'accident de Fukushima, elle expose la volonté délibéree du gouvernement Japonais et des membre du "village nucléaire" de masquer et minimiser les risques de cette industrie, en créant un mythe du nucléaire sûr, non seulement par les mass médias, mais aussi par le système éducatif  pratiqué dans les écoles du pays. De fait, avant la catastrophe de Fukushima, la majorité de la population ne reconnaissait pas les risques liés aux installations nucléaires implantées malgré la sismicité élevée et avérée de leur pays, ainsi qu'au système médical en cas d'urgence radiologique qui s'est révélé inopérant de par sa conception défectueuse et son inadaptation aux situations de crises potentielles.
    Elle rappelle qu'il existe des preuves expérimentales de la dangerosité des faibles niveaux de radioactivité, et qu'il n'existe pas de seuil inférieur sous lequel le danger disparaît.
    Elle expose la collusion entre les instances de radioprotection internationales et les membres de l'industrie nucléaire au Japon, qui sacrifient sciemment la santé de la population et particulièrement des enfants, sur l'autel de la croissance et du profit.

    Diaporama en anglais / en français
    Transcription du discours en anglais / en français / en anglais + allemand
    En complément, le rapport d'enquête de la commission indépendante sur l'accident de Fukushima :
    en anglais / en français (voir cet article).

    Voici en complément une autre courte intervention du Dr Sakiyama, lors d'une séance de questions-réponses après une conférence de Taro Yamada, acteur et activiste anti-nucléaire. La question posée par une spectatrice porte sur la mort d'un secouriste "liquidateur" de Fukushima, qui n'a jamais été confirmée par les autorités.


    (4'33'' Jp st Fr) - Télécharger la vidéo (31 Mo)

    ~ ☢ ~

    Je reviens, au passage, sur le cafouillage lamentable des consignes de prises d'iode stable par la population, relaté par Mme Sakiyama. D'abord, rendre les gens méfiants, en mettant l'accent sur les effets secondaires, et la présence nécessaire d'un "expert médical". Ensuite, les consignes déclenchant les opérations de prise d'iode qui disparaissent tout simplement dans la nature, ou arrivent au bout d'une semaine, alors que la population a déjà été évacuée... Et comme d'habitude, où sont les responsables, les coupables ?

    Ça ne vous rappelle rien ? Le 24 avril de cette année, TEPCO doit produire les résultats d'analyses de poissons capturés aux alentours de la centrale de Fukushima. Comme par hazard, "Comme par hasard", pour les échantillons prélevés juste devant la centrale, au niveau des admissions d'eau de refroidissement des réacteurs,c'est à dire là où la radioactivité est semble-t-il la plus forte, TEPCO annonce que "les analyses n'ont pas pu être menées à bien, les poissons étant "trop décomposés". Trop décomposés ?! Combien de temps ont-ils donc attendu avant de les analyser, ces poissons ? Et en quoi le niveau de décomposition de poissons peut-il empêcher d'analyser les radionucléides dont ils devaient être farçis à un niveau inavouable ? (Tiens, comme disait Coluche, la réponse est contenue dans la question là, je fais qu'un voyage !). Ils ont le nez sensible chez TEPCO, à l'odeur de décomposition du poisson ? Que du poisson ?
    Ont-ils à la suite de cela procédé dans la foulée à un autre prélèvement de poissons et publications des résultats d'analyses manquants ? Bien sûr que non. "Comme par hasard."

    Plus récemment, TEPCO cherche à obtenir l'accord des syndicats de pêcheurs pour rejeter dans l'océan les eaux souterraines, afin d'en réduire la quantité car par centaines de tonnes quotidiennes elles s'infiltrent dans les bâtiments aux soubassements lézardés et se mélangent à l'eau fortement radioactive utilisée pour refroidir les réacteurs et leurs combustibles fondus.
    Déjà, s'il faut penser que l'eau des nappes phréatiques peut entrer dans les bâtiments en ruine et s'y polluer par centaines de tonnes chaque jour, et que TEPCO pompe, filtre ou stocke le tout, il faut m'expliquer par quel miracle cette eau contaminée ne peut pas également RESSORTIR avec autant de facilité des bâtiments pour polluer l'environnement. La technologie nucléaire Nippone - l'une des meilleures au monde avec celle de la France ai-je lu ce jour suite aux accords Abe-Hollande de coopération pour son développement et son exportation - la technologie donc a tout prévu, les failles des fondations par où rentre l'eau sont équipées de clapets anti-retour pour ne pas qu'elle ressorte, c'est cela ?
    Mais revenons à ce rejet dans l'océan des eaux souterraines. TEPCO prétend que leur niveau de contamination, avant qu'elles n'atteignent la centrale, est inférieur aux quantités mesurables, et donc absolument sans danger pour le milieu marin. Évidement, il faut être un mauvais esprit, un ennemi de l'État, un épandeur de "rumeurs sans fondements" sans cervelle, comme toute personne opposée au nucléaire qui se respecte, pour oser se demander : "Mais... tout est pollué, l'air, les sols, les plantes, la faune, jusqu'à des centaines de kilomètres, jusqu'aux montagnes d'où coulent les eaux de surface, polluées elles aussi. L'eau incroyablement radioactive qui refroidit les réacteurs détruits fuit vers l'extérieur. Comment l'eau des nappes souterraines, qui provient de l'infiltration des eaux de surface à travers les sols, peut-elle être aussi pure et exempte de matières radioactives ?!"
    Les pêcheurs rejettent la demande. Le 3 Juin, TEPCO finit par admettre avoir trouvé que les eaux souterraines dont ils voulait se débarrasser étaient contaminées par du césium radioactif. Vraiment, quelle surprise... Faut-il toujours être médisant pour s'imaginer que c'est probablement se sentant acculé par la facilité avec laquelle n'importe quelle analyse extérieure pourrait ruiner leur prétentions, que TEPCO s'est finalement décidé à cet aveu ? Explication officielle : les mesures ayant été effectuées sur le site de Fukushima Daiichi, où le niveau de radioactivité ambiante est élevé, ce niveau ambiant a tout bonnement été déduit "par erreur" des valeurs mesurées, au lieu d'en retenir la valeur entière par rapport à un niveau zéro ! Encore une erreur de débutants. "Comme par hasard."
    Mayumi Yoshida, porte-parole de TEPCO, ajoute : "Nous allons devoir revoir notre manière d'analyser les échantillons." Plus de 2 ans après le drame de Fukushima !!

    Bryan Walsh de Time Magazine écrivait le 1er Mai à propos de la gestion de Fukushima : "Si les conséquences n'étaient pas potentiellement si graves, ont croirait à une comédie. Je ne suis pas sûr que ça puisse être pire si c'était Vil Coyote (Clic!) qui était président de TEPCO !"
    Alors, TEPCO, des cancres de la piscine qui fuit, du réservoir qui goutte, et du corium qui s'évapore ? Malheureusement je ne crois pas, ça me semble trop simple.

    Depuis 2 ans, depuis des décennies, la liste des erreurs, des mensonges, des manipulations, des explications foireuses et des mauvais prétextes est incalculable. Et toujours dans le sens des intérêts de qui ? Au détriment de qui ?
    Et des responsables, des coupables, il n'y en a pas, il n'y en aura pas. Il n'y a, il n'y aura que des victimes, par centaines de milliers, par millions. De la famille humaine, des voisins de nation ou de continent. Peut-être vous ou moi, la prochaine fois.

    Que faudra-t-il pour que les gens comprennent, et réagissent ?

    Sources et crédits :
    Vidéo et diaporama originaux (archive webcast)
    Vidéo par ERF2012 / Cinema Forum Fukushima / East River Films 
    HumaRightsNow, présentation de Hisako Sakiyama (En)
    Traduction Française du diapo par MEH, relecture Janick Magne / En direct e Tokyo, césium arrondissement Transcription de la vidéo en Anglais et Allemand par Afaz.at
    Relecture & édition transcription et diapo Fr + édition & sous-titrage de la vidéo par mes soins.
    [Concealment ?] Tepco abandoned fish samples from Fukushima plant port, “due to degradation”
    TEPCO finds groundwater contaminated with radioactive cesium
    Leaks, Rats and Radioactivity: Fukushima’s Nuclear Cleanup Is Faltering.

    —————————————————————————————————————————————————— Kna60 sur YouTube

    —————————————————————————————————————————————————— Kna60 sur Dailymotion

    —————————————————————————————————————————————————— Kna60 sur Vimeo

    Fukushima - Que savaient-ils et quand ? - A. Gundersen 11.03.13 from Kna60 on Vimeo.