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Voilà un article qui était resté à l'état de brouillon dans mes cartons, sur la base d'une publication par Arte Future de juillet 2016. C'est un récapitulatif des principaux accidents nucléaires dans le monde pour ces 60 dernières années. Certaines planches sont illustrées d'un lien cliquable ou d'une vidéo.
Il est question ici d'accidents majeurs, donc de phénomènes hors contôle humain. Mais qu'en est-il des relâchements massifs de radioactivité dans l'environnement, sciemment voulus et déclenchés par la main de l'homme ? Autrement dit, les essais d'armes atomiques, aériens ou souterrains ?
Voici résumée en 7 minutes une chronologie des 2053 explosions nucléaires ayant eu lieu dans le monde entre 1945 et 1998. Vous avez bien lu : 2053 ! Depuis, 5 tirs supplémentaires ont été effectués, 2 par l'Inde, 1 par le Pakistan, et 3 par la Corée du Nord.
Mais n'oublions pas, nous avons vu dans l'article précédent sur la rejustification des critères de risques de la loi Euratom que même un fonctionnement quotidien et "normal" de l'industrie nucléaire civile (et militaire) engendre des risques sanitaires pour la population, qui s'ils étaient évalués à leur juste niveau engendreraient de tels coûts et une telle perte de compétitivité que cela signifierait à coup sûr la mort de cette industrie ! Tout cela est basé sur des études scientifiques solides, voir ou revoir par exemple l'article sur les cas de leucémie infantile autour des centrales nucléaires.
Et les risques d'accident nucléaire majeur, en France et en Europe, qu'en est-il ?
Hé bien il n'est pas simple du tout de s'en faire une idée juste, pour plusieurs raisons. Pour commencer, tout cela repose sur des chiffres, et n'étant ni scientifique et encore moins matheux, je ne suis pas là en terrain de confiance. Ensuite tout ce que je peux dire, c'est qu'une fois de plus, j'ai l'impression de patauger dans des données absconses, des considérations à géométrie variable et des affirmations à la "mords-moi le neutron", bref de quoi probablement rebuter ou égarer bien des personnes "non averties". De plus et comme dans n'importe quel domaine, on s'aperçoit que des spécialistes à priori dignes de confiance mais bêtement humains peuvent faire des erreurs...
Ainsi en 2011 après la catastrophe de Fukushima, Bernard Laponche, physicien nucléaire, et Benjamin Dessus, ingénieur et économiste, publient leurs calculs sur la probabilité que survienne un accident nucléaire grave chez nous ou en Europe. Leurs résulats sont effrayants : 50 % de risques pour la France, plus de 100 % pour l'Europe qu'une catastrophe majeure se produise pendant la durée de vie du parc nucléaire actuel ! Bon, même si je n'entends rien à la science des statistiques, plus de 100 % de risques, c'est un peu bizarre... Comment quelque chose peut-il se produire plus souvent qu'à tous les coups ? Par la suite, Etienne Ghys, Directeur de recherche au CNRS, a fait remarquer qu'une erreur dans la méthode de calcul faussait ces résulats, et qu'il fallait plutôt considérer une probabilité de 72 % de risque d'accident grave en Europe, d'où je déduis 49 % pour la France, dans les 30 ans à venir.
Vous imaginez cela ? une "chance" sur deux que ça pète en France, dans les 30 ans qui viennent ?
Mais ce ne sont que des chiffres, qui selon comment on les accommode, les ficèle, les associe ou les dissimule, diront bien à peu près ce qu'on voudra ! Et qui pourra juger de l'existence et de l'opportunité de tous les paramètres possibles ? Qui va pouvoir évaluer l'impact exact de l'amélioration des techniques de sécurité, de la dégradation physique du matériel et psychologique des hommes, de l'humeur de la Terre et des phénomènes naturels qu'elle occasionne ?
Si vous cherchez un peu, vous trouverez de brillantes démonstrations disant que l'énergie nucléaire est celle qui tue le moins, et que Tchernobyl, c'est 4000 morts, soit environ le nombre de tués sur la route chaque année dans notre pays. Pour autant, quelq'un a-t-il déjà demandé la sortie de l'automobile ? Non ? Alors faut-il être stupide pour demander l'arrêt du nucléaire !
Ca me rappelle Erdogan, alors Premier ministre en Turquie, lors d'une interview télé après le tremblement de terre ayant frappé son pays en 2011 : "Lors des séismes, il est courant que des ponts s'effondrent, va-t-on donc renoncer à construire des ponts ? Non, alors pourquoi renoncerions-nous à nos projets de bâtir une centrale nucléaire ?" Ainsi va le monde ...
Je crois qu'il y a surtout une chose qu'il ne faut pas oublier : aucun accident nucléaire, qu'il soit bénin ou catastrophique (à part les rarissimes sabotages), n'est jamais survenu délibérément, par volonté expresse de l'homme. Lequel a toujours jugé, au niveau des décisionnaires, que rien de fâcheux ne pourrait jamais arriver, car tout avait été fait et pensé pour cela.
Voilà pourtant des décennies que l'on sait que c'est faux, et que ça le sera toujours, envers et contre toute belle déclaration officielle ...
Certes, en mai 2011 lors d'une audition parlementaire, Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, annonçait "Il faut accepter de se préparer à des situations complètement inimaginables parce que ce qui nous menace le plus, ce n'est pas un accident standard" Mais encore une fois, comment envisager l'inimaginable, ne serait-ce qu'en termes de coût et de rentabilité ??
Pierre-Franck Chevet, Président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française, annonce clairement quant à lui "un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part" et considère que la sûreté nucléaire dans notre pays présente un contexte "particulièrement préoccupant". Voilà, on le sait, ils l'ont dit. Qu'est-ce que ça change, dans la fuite en avant des décideurs chez EDF, Areva, CEA, etc, et des politiques qui leurs sont inféodés ? Rien. D'ici quelques mois, nous pourrons influer sur cette course vers l'abîme par nos bulletins de vote, et peut-être ainsi récupérer plus de pouvoir que nous n'en avons jamais eu.
N'oubliez jamais, et faites-le savoir.
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Sources :
Arte Future - Timeline : 60 ans d'accidents nucléaires
Accident nucléaire : une certitude statistique - article de Libération
Accident nucléaire : une certitude statistique - commentaire par Étienne Ghys
Le risque d'accident nucléaire majeur : calcul et perception des probabilités
Modélisation des accidents nucléaires civils : Prévision à l'horizon 2030
Nucléaire: la France doit se préparer à des accidents «inimaginables»
Trente ans après Tchernobyl, «un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part»
Sûreté nucléaire : un contexte «particulièrement préoccupant», selon l'ASN
Évaluation de risques d'accidents nucléaires comparés à ceux d'autres filières énergétiques